La semaine dernière, des estimations ont circulé dans le débat public à propos du nombre de chômeurs – 500 000 puis plus d’un million – qui devraient faire les frais de la réforme de l’assurance chômage mise en oeuvre par le gouvernement.
Hier, la ministre du Travail Muriel Pénicaud s’est exprimée à ce sujet afin de s’inscrire en faux contre ces chiffres.
Vers un meilleur “comportement” sur le chômage
Interrogée hier sur LCI, Muriel Pénicaud est revenue sur les estimations pessimistes relatives au nombre de chômeurs qui, d’une manière ou d’une autre – durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage et des conditions de rechargement des droits ainsi que mise en oeuvre de la dégressivité des allocations pour les salariés les mieux rémunérés – seront concernés par la réforme de l’assurance chômage. Elle a assuré que ces estimations ne prennent pas en compte un élément qu’elle semble tenir pour fondamental : l’évolution des “comportements induits” en matière de chômage.
Le recours des employeurs à la précarité salariale étant en partie appelé à être financièrement pénalisé et le fait de préférer demeurer au chômage plutôt que de retourner sur le marché du travail étant appelé à être lui aussi financièrement sanctionné, le chômage devrait concerner moins de monde. Plus précisément, la ministre a estimé que la réforme devrait avoir des conséquences pour “600 000 à 700 000” personnes, “au maximum”. Reste à savoir si une loi peut effectivement, à elle seule, modifier à ce point autant de comportements sociaux…
L’Unédic mise à contribution
Outre cette affaire du décompte du nombre de victimes probables de la réforme de l’assurance chômage, il n’est pas anodin de relever le fait que l’Unédic devrait être mise à contribution afin de financer ladite réforme. Entre autres mesures, les décrets de sa mise en oeuvre devraient en effet organiser une hausse de la participation de l’Unédic au budget du Pôle Emploi : versant 10 % de ses ressources au Pôle Emploi, soit 3,5 milliards d’euros, l’Unédic devrait lui en verser 11 %. Cette hausse de 350 millions d’euros financerait les nouvelles mesures d’accompagnement des chômeurs annoncées par le gouvernement.
Il va de soi que les partenaires sociaux apprécieront fort moyennement cette évolution exigée par l’exécutif. Alors que l’Unédic finance déjà les deux tiers du budget du Pôle Emploi, cette contribution supplémentaire aura pour conséquence d’augmenter cette proportion. Or, il se trouve que l’une des revendications des partenaires sociaux est de faire en sorte que le budget du Pôle Emploi ne soit plus financé qu’à 50 % par l’Unédic.