Depuis la publication du rapport Spinetta sur la réforme de la SNCF, les syndicats de salariés s’apprêtent à organiser des mouvements nationaux. Voici deux communiqués qui reflètent leur état d’esprit.
L’UNSA défend les cheminots :
Après la publication du rapport Spinetta, le gouvernement a annoncé une réforme de la SNCF dans le cadre de la transcription de la directive européenne d’ouverture du marché ferroviaire à la concurrence.
L’UNSA Ferroviaire, 2ème syndicat de la SNCF, n’a jamais été contreles évolutions nécessaires pour développer l’attractivité du ferroviaire.Mais elle estime, et l’UNSA avec elle, que le gouvernement ne doit
pas se tromper de cible : Le statut des cheminots n’est pas le principal obstacle au bon fonctionnement du système ferroviaire.
C’est d’abord la question de la dette et du financement global de la SNCF qui doit être traitée. Les investissements massifs dans les lignes à grande vitesse décidés par l’Etat sont en effet largement responsables du manque d’entretien et du délaissement des petites lignes, nuisant notamment à la qualité de service due aux usagers.
Des concertations se sont ouvertes le 1er mars avec le ministère du Transports. L’UNSA Ferroviaire y fait valoir ses mandats. Elle transmettra notamment à la ministre des éléments par métier sur les contraintes du transport ferroviaire, en particulier en matière d’exploitation, de travail de nuit ou de continuité de service.
L’UNSA Ferroviaire a décidé d’appeler à une manifestation nationale des cheminots le 22 mars.
Avec l’intersyndicale de la SNCF, elle met en garde le gouvernement contre un recours aux ordonnances qui sonnerait comme un passage en force, dans un dossier complexe où le dialogue et la concertation doivent primer.
La CFDT attend le 15 mars :
Dans un communiqué de presse commun, les organisations syndicales de cheminots ont fait savoir qu’elles rejettent unitairement le calendrier de la réforme à marche forcée du gouvernement et préciseront les modalités de leur riposte d’ici le 15 mars prochain.
Suite aux annonces du gouvernement pour réformer la SNCF avec recours aux ordonnances, les quatre organisations syndicales de cheminots, CGT, UNSA, SUD Rail, CFDT, se sont mises d’accord le 1er mars pour déposer une Demande de Concertation Immédiate (DCI ou « alarme sociale ») auprès de la direction. Depuis 2007, cette démarche est obligatoire avant tout dépôt de préavis de grève dans les transports publics de voyageurs. Cette demande de concertation donne lieu à un entretien préalable entre syndicats et la direction dans les 48 heures en vue de désamorcer un éventuel conflit. Faute d’accord, un préavis de grève peut alors être déposé huit jours après et cinq jours avant le début de celle-ci. Ce qui renvoie au 15 mars la décision des syndicats représentatifs à la SNCF d’entamer, ou non, une grève. Pour l’heure, ils ont unanimement exprimé leur rejet des mesures annoncées par le gouvernement le 26 février dernier en vue de réformer l’entreprise publique ferroviaire. Ces annonces, selon eux, relèvent plus du « dogmatisme idéologique » qu’elles n’apportent de réelles solutions. Persister dans le passage en force sans véritables négociations sur l’emploi, l’organisation interne de la production, les salaires, le devenir des cheminots, le statut, le droit syndical, sans oublier la question du fret, « ferait porter à la direction SNCF la responsabilité d’un conflit social de grande envergure » expliquent-ils. « Au-delà des grandes déclarations médiatiques, les organisations syndicales attendent de véritables négociations sur ces éléments ».
Une concertation au calendrier très serré
D’ici là, le cycle des concertations a commencé mais sans apaiser leurs inquiétudes. Reçu avec la délégation CFDT par la ministre des Transports jeudi 1er mars, Sébastien Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots, juge bien trop contraint le délai imparti pour une loi avant l’été : « Le calendrier de la réforme est tellement court que l’on n’imagine vraiment pas comment la quantité de sujets qui devraient être déjà traités et qui n’ont pas encore été abordés vont pouvoir être pris en compte », précise-t-il. « La question du désendettement, de l’amélioration du service public, de l’organisation du travail, du financement des petites lignes étaient toutes dans la loi de 2014 que nous avons soutenue et défendue auprès des cheminots : rien n’a été fait depuis et on nous demande de recommencer le travail trois ans plus tard en deux mois… » Cerise sur le gâteau, la suppression du statut annoncée de façon brutale cristallise les débats au détriment d’autres sujets de fond, comme la nécessité de mettre en place un réel accompagnement des métiers et la mise en place d’une GPEC efficace. « Le dialogue social à la SNCF est une fois encore bien mal engagé », regrette-t-il. « Cette réforme du pacte social tous azimuts par la négociation semble impossible dans les délais imposés ».
Concrètement, la concertation sur l’avenir du ferroviaire s’ouvre ce lundi 5 mars. Quatre thèmes seront abordés avant la fin du mois d’avril : cinq séances seront consacrées à « l’amélioration du service public ferroviaire », quatre séances traiteront de « l’ouverture à la concurrence », et seulement trois séances sont dédiées à « l’organisation de la SNCF » et trois autres à la « modernisation sociale du secteur ». Ainsi, renvoyée par le rapport Spinetta à la concertation, la question sociale va être expédiée… en trois réunions.
« Il faut regarder ce qui doit évoluer dans le statut des cheminots, mais pas en les culpabilisant ni en les stigmatisant », a déclaré Laurent Berger sur France Inter samedi 3 mars. De fait, la SNCF recrute 5 000 cheminots par an : l’avenir du service public ferroviaire peut-il se décider sans eux ?