Reconversion professionnelle : les conseils de la CFTC

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFTC.

Quelles sont les raisons d’un changement professionnel ? Quand faut-il quitter son poste ? Voire se reconvertir ? Telles étaient les questions au coeur du dernier café Santé et travail intitulé Vivre et comprendre le changement professionnel. 

11 octobre, café parisien du 10e arrondissement, Le Balbuzard. Le temps pluvieux et automnal n’a pas eu raison du public. Etudiants, travailleurs du secteur public et privé, employés et cadres, se sont déplacés en nombre. Pour un forum citoyen sur le changement professionnel animé par deux expertes : Marie Auberger, conseillère d’orientation psychique, et Marie Berchoud, spécialiste du langage et de la communication en situations différenciées. Toutes deux également universitaires, et auteures du livre Je cherche un emploi, je change de métier ?  

Changer de poste ou de métier devient l’un des thèmes les plus prolifiques. Une étude sur la reconversion publiée par la Dares le 6 novembre témoigne encore de cet intérêt. Selon cette enquête, 22 % des personnes en emploi ont changé de métier entre 2010 et 2015. Cette mobilité est plus courante chez les 20-29 ans et les personnes en contrat à durée limitée (intérim, CDD). Mais pas que. Plus de 3 personnes sur 10 changent non seulement de métier mais aussi de domaine professionnel dans l’électricité électronique et l’artisanat, donc des métiers aux compétences transférables dans d’autres domaines. La mobilité se révèle positive pour 4 personnes sur 10. En effet, ces « personnes qui changent de métier perçoivent davantage une amélioration de leurs conditions de travail » que celles qui n’ont pas changé de place. C’est bien la preuve que le changement, bien qu’il fasse peur, peut s’avérer bénéfique. A condition de bien s’y apprêter. 

Bien définir son projet 

Changer de métier est une rencontre (avec un métier) pour Marie Berchoud, un voyage pour Marie Auberger. Dans les deux cas, la préparation reste le maître mot. Pour la CFTC aussi, le changement de parcours doit être anticipé. Le syndicat parle de la sécurisation des parcours professionnels. Il s’agit d’opérer un choix éclairé et de partir avec le plus de sécurité. Vous pouvez par exemple bénéficier gratuitement d’un conseil en évolution professionnelle (CEP) pour vous aider dans cette réflexion. Par ailleurs, vous pouvez compter sur les élus CFTC pour vous apporter conseils, informations, et accompagnement. 

Si le changement professionnel est un voyage, il est un voyage introspectif qui commence par une question : « pourquoi ? ». Plus clairement, pourquoi changer ? Est-ce le métier, son contenu, son but, que vous ne supportez plus ? Sont-ce les conditions de travail, les collègues, le patron, le management ? Répondre à ces questions aide à connaître sa destination c’est-à-dire à définir son projet. D’où l’importance d’identifier le type de modification à opérer : un changement de poste ou une reconversion. Ensuite, il convient de s’interroger sur la manière de procéder. Là, étudier votre parcours, non seulement professionnel mais aussi votre parcours de vie vous aiguillera sur la bonne voie. 

Les passions passées éclairent les métiers futurs 

La première méthode préconisée consiste à étudier son métier actuel et les précédents. Concrètement, l’on dresse une colonne où l’on liste les tâches qui nous plaisent. Cela permet d’une part, de mettre sur papier ses points forts voire ses talents (importants pour la confiance en soi), et d’autre part de construire son projet sur du positif. Ce travail sur soi peut s’avérer difficile. Il invite quelque part à remettre en question son premier choix de carrière et se demander si l’on ne s’est pas trompé en choisissant ce métier. 

Si cette méthode fonctionne peu chez vous, n’hésitez pas à vous pencher sur votre petite enfance. L’idée est simple : donner la place à ses passions et ses rêves pour retrouver ses centres d’intérêt. Des centres d’intérêt qui peuvent devenir des métiers. C’est en ce sens qu’il était plus simple enfant, de répondre à la question : que veux tu faire plus tard ? La quasi-totalité des réponses reflétant les rêves et les passions. Alors, quelles activités sportives, culturelles ou associatives vous enthousiasmaient ? “Il est très important de le savoir car votre plaisir peut pointer un de vos centres d’intérêt. Ainsi, l’intérêt pour la peinture peut être élargi à l’intérêt pour l’art ” expliquent Marie Auberger et Marie Berchoud. Les deux intervenantes développent les centres d’intérêt sur leur groupe Facebook Un métier neuf sur mesure.  

Devenir acteur de son histoire 

Les deux méthodes présentées demandent de se connaître. Ou du moins d’avoir conscience de ses compétences. D’être capable de se situer c’est-à-dire apprendre à se dire pour exprimer ce que l’on veut. Marie Berchoud parle de la capacité à écrire sur soi, à prendre la parole et à dire son parcours. Elle évoque le cas des femmes en formation CAP petite enfance. Ces dernières rencontraient de grandes difficultés à dire « je », et à écrire leurs compétences : « Elles utilisaient le pronom “on” pour présenter leurs différentes tâches. Pour elles, s’occuper d’enfants est naturel. C’est comme une continuité du travail domestique ». La spécialiste du langage et de la communication en situations différenciées invite à devenir auteur voire acteur de notre propre langage. Elle développe la notion selon laquelle, pour penser, il faut agir. Et de citer Paul Ricoeur et son identité narrative : « nous n’existons que parce que nous parlons. ». Ainsi, en racontant, en écrivant nos compétences et notre parcours, ceux-ci prennent vie. 

S’adapter au monde actuel via la formation 

Le monde est en plein mouvement. La CFTC parle même d’un monde en bouleversement dans sa motion votée au congrès de Vichy. Partant de ce postulat, les intervenantes appellent à s’adapter. Comme la CFTC, elles recommandent la formation tout au long de sa vie. Vous pensiez quitter votre poste pour vous former ? Nul besoin. La CFTC conseille de se former en activité sur son temps de travail. Même en arrêt maladie, vous avez le droit de vous former avec l’accord de votre médecin. Plusieurs dispositifs de formation s’offrent à vous : le conseil en évolution professionnelle (CEP) évoqué précédemment, mais aussi la validation des acquis de l’expérience (VAE) qui vous permet d’obtenir une reconnaissance, par une certification, de vos expériences (associative, syndicale, professionnelle). 

Enfin, dernière nouveauté : la loi du 5 septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel. Cette loi ouvre au 1er janvier 2019 le régime d’assurance chômage aux démissionnaires qui ont un projet de reconversion. En d’autres termes, à défaut de pouvoir se former en entreprise, il sera possible de démissionner pour réaliser un projet de reconversion (formation ou création d’entreprise) tout en bénéficiant de l’allocation chômage. A condition de justifier de 5 ans d’activité continue. La CFTC a été force de proposition en sécurisant les différentes étapes de cette démarche : l’accompagnement par l’un des opérateurs du CEP en amont de la démission (hormis Pôle emploi et les missions locales) ainsi que la validation du projet de reconversion par une commission paritaire ont été inscrits dans le texte. 

N’attendez pas demain pour tout changer 

Un grand changement professionnel peut prendre 10 ans. Cela ne doit pas empêcher de démarrer son projet dès aujourd’hui. Par étapes. L’idée est de poser la première pierre, de petits pas qui vous aident à retrouver confiance en vous. Si vous rêvez de courir un marathon, vous devez commencer par 100 mètres. De la même manière, initiez des actions (sport, bénévolat, cuisine, photo, écriture) qui vous valorisent et vous permettent de ne pas tourner en rond. C’est ce que les deux spécialistes appellent l’effet distractif. L’important est de vous lancer. Il s’agit de ne pas remettre à demain ce que vous pouvez faire aujourd’hui. Alors, osez ! 

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