Question de constitutionnalité sur le licenciement pour faute lourde

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat FO-METAUX

 

Le Conseil constitutionnel a été saisi le 2 décembre dernier par le juge judiciaire d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur l’article L.3141-26 alinéa 2 du code du travail.  

Ce dernier prévoit que l’indemnité compensatrice de congés payés “est due dès lors que la rupture du contrat de travail n’a pas été provoquée par la faute lourde du salarié” (une manière pour le législateur de sanctionner encore un peu plus le comportement particulièrement fautif du salarié). 

La question posée au Conseil constitutionnel était de savoir si cette exclusion de la faute lourde est contraire à l’article 11 du préambule de la Constitution de 1946, qui garantit à tous “le repos et les loisirs”. 

Lors d’une audience du 16 février dernier, le gouvernement s’est opposé à tout changement de législation : “en cas de faute lourde, l’employeur subit un préjudice particulier ; l’action en responsabilité n’exclut pas de garantir un dédommagement minimum à l’employeur”, a insisté le représentant du gouvernement, mettant aussi en avant “le nombre de cas limité et l’objectif de protection de l’entreprise”. 

Dans une décision du 2 mars, le Conseil constitutionnel a néanmoins pris la décision de censurer la loi. Mais aucunement en raison d’une éventuelle atteinte du droit au repos des salariés. Le juge constitutionnel s’extrait totalement de ce débat pour s’intéresser à un aspect radicalement différent : la rupture d’égalité entre les salariés. 

Il est en effet remarqué que la règle qui prive le salarié licencié pour faute lourde de son indemnité compensatrice de congés payés “ne s’applique pas lorsque l’employeur est tenu d’adhérer à une caisse de congés” comme celle du BTP ou du secteur du spectacle). 

 

Autrement dit, le salarié ayant travaillé pour un employeur affilié à une caisse de congés conserve son droit à indemnité compensatrice de congés payés en cas de licenciement pour faute lourde, alors que tout autre salarié licencié pour faute lourde est privé de ce droit. 

Aux yeux du juge constitutionnel, cette différence de traitement entre salariés licenciés pour faute lourde est injustifiée et “méconnaît le principe d’égalité devant la loi”. L’article L. 3141-26 du code du travail est partiellement abrogé et tous les salariés licenciés pour faute lourde doivent à l’occasion de la rupture du contrat percevoir l’indemnité compensatrice de congé payé. 

Cette censure du code du travail est d’effet immédiat. “Elle peut être invoquée dans toutes les instances introduites (à partir du 2 mars 2016) et non jugées définitivement”, précise le Conseil constitutionnel.  

 

Désormais, les conséquences pour le salarié d’un licenciement pour faute lourde sont gommées par cette décision et seule pourra persister une éventuelle action en responsabilté engagée à l’encontre du salarié. 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

L’EIOPA accueille son nouveau directeur exécutif

Le conseil d'administration de l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP ou EIOPA en anglais) vient de nommer son nouveau directeur exécutif. C'est Damian Jaworski qui est nommé à ce poste. Il doit encore être confirmé par le Parlement européen avant de prendre ses fonctions le 1er avril 2026. D'après le ...
Lire plus

L’Insee nous dit tout sur les seniors en perte d’autonomie à l’horizon 2070

La courbe démographique en France ne cesse de marquer le vieillissement de la population, entrainant par la même occasion l'augmentation du nombre de seniors en situation de perte d'autonomie. L'Insee et la Drees publient une étude commune qui montre que cette croissance sera forte jusqu'aux années 2045-2050 avant une stagnation à l'horizon des années 2070. ...

L’examen du PLFSS 2026 reporté au lundi 27 octobre

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026) devait être examiné en commission des affaires sociales à partir du jeudi 23 octobre 2025. Mais une lettre rectificative concernant l'insertion de la suspension de la réforme des retraites dans le texte impose de revenir à zéro. Le tout nouveau PLFSS 2026 doit donc être réexaminé en conseil des ministres et redéposé à l'Assemblée nationale. Conséquence directe : tout le processus est à...