Qu’est-ce que la rémunération minimale en forfait jours ?

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFDT.

Le fait qu’un accord collectif prévoie une condition de rémunération minimale pour qu’un salarié soit valablement soumis à une convention de forfait jours n’oblige pas nécessairement l’employeur à assurer à ces salariés un tel niveau de rémunération. C’est ce qu’a décidé la Cour de cassation dans un arrêt récent, publié au bulletin. Cass.soc., 28.06.2018, n° 16-28.344.  

  • Faits, procédure et prétention des parties

Dans cette affaire, il est fait application de la convention collective des avocats et de leur personnel. Ce texte réserve le forfait jours aux seuls cadres de niveau 1, coefficients 510 et 560, dont la rémunération globale brute est supérieure d’au moins 50 % au salaire minimum conventionnel du coefficient. 

Le salarié est engagé en qualité de directeur de niveau 1, coefficient 510, par l’Ecole des avocats de la région Rhône-Alpes. Malgré son salaire inférieur à la rémunération mensuelle minimale prévue conventionnelle, une convention de forfait jours est conclue.  

Quelques années plus tard, le salarié est licencié pour faute grave. Il saisit alors la juridiction prud’homale pour contester le bien-fondé de ce licenciement. Il estime également ne pas avoir perçu la rémunération qui lui était due et demande aux juges d’ordonner le paiement de rappels de salaires au titre du non-respect de la rémunération minimale conventionnelle. 

  • Un salaire minimum conventionnel ?

Les juges du fond font droit sa demande et lui accordent le paiement d’une somme à titre de rappel de salaire pour non-respect des « minima sociaux ». À l’appui de leur décision, les juges d’appel constatent que le salarié est un cadre autonome au forfait jours, forfait impliquant au sens de la convention collective une rémunération mensuelle minimale. Ils considèrent que l’employeur n’a pas respecté ses obligations, affirmant qu’il lui appartenait de verser au salarié une rémunération conforme aux « minima prévus par la convention collective ». Pour eux, ces dispositions semblent avoir la même nature qu’un salaire minimum conventionnel dont l’employeur aurait dû s’acquitter. 

  • La rémunération minimale requise est une condition de validité du forfait

La Cour de cassation casse l’arrêt d’appel. Elle considère que « si les salariés qui ne bénéficient pas d’une rémunération supérieure d’au moins 50 % au salaire minimum conventionnel du coefficient ne peuvent être valablement soumis à une convention de forfait en jours », la convention collective des avocats et de leur personnel ne fait aucunement « obligation à l’employeur d’assurer à ces salariés un tel niveau de rémunération ». 

En d’autres termes, la condition minimale requise par la convention collective n’a d’incidence que sur la validité du forfait mais n’impose pas à l’employeur de verser à ces salariés au minimum cette rémunération. C’est une condition à l’application du forfait jour et pas un salaire minimum conventionnel

En revanche, la Cour de cassation n’est pas très explicite sur la validité même de la convention de forfait. En effet, à défaut de pouvoir prétendre la rémunération minimale requise, le salarié aurait pu réclamer des sommes en raison de la violation des règles du forfait jours (rappels d’heures supplémentaires, dommages et intérêts…). 

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

J-7 pour précommander votre dossier annuel indispensable à -50%

Le dossier “Santé, prévoyance collective et vie des CCN” de Tripalio, édition 2024, sera disponible dans seulement 7 jours en téléchargement au format PDF. Devenu essentiel pour tous les professionnels de la protection sociale complémentaire collective, vous pouvez déjà précommander votre dossier annuel à moitié-prix : 500 € HT au lieu de 999 € HT...

L’accord PSC de Bercy est publié

L'accord consacré à la protection sociale complémentaire à Bercy a été signé le 21 juin 2024 et vient de paraître au Journal officiel. Cet accord concerne aussi bien la santé que la prévoyance. Il propose notamment une grille de prestations frais de santé qui contient 2 niveaux optionnels de garanties. Retrouvez l'accord complet en cliquant ici et en...
Télétravail bureaux d'études
Lire plus

Les bureaux d’études s’entendent sur les salaires

Dans les bureaux d'études techniques et sociétés de conseils, l'enjeu des salaires constitue, au niveau de branche, un enjeu pour le moins épineux ces derniers mois. Ayant échoué à se mettre d'accord sur ce thème l'an passé, alors que l'inflation atteignait un niveau élevé, les bureaux d'études se sont retrouvés, au début de l'année en cours, dans le viseur du ministère du Travail, du fait du caractère obsolète de leur grille conventionnelle des minima...

Altima Assurances accueille son nouveau président

Ce communiqué a été diffusé par Maif. Guillaume RINCÉ, 47 ans, devient Président d’Altima Assurances le 1er juillet 2024. Il succède ainsi à Patrick Blanchard. Guillaume a rejoint la MAIF en 2017 en qualité de Chief Technology Officer (CTO), au sein de la Direction des systèmes d’informations (DSI) de la Mutuelle. Il a en charge de définir la stratégie en termes de systèmes d’informations et de solutions...

MSA : la date d’élection des représentants des salariés à la CPPNI des agents de direction est fixée

Un arrêté ministériel vient de paraître pour fixer la date d'élection des représentants des salariés à la commission paritaire permanente de négociation et d'interprétation (CPPNI) des agents de direction de la Mutualité sociale agricole (MSA). C'est la journée du 24 octobre 2024 qui a été choisie. Les salariés concernés de la MSA doivent donc anticiper ce vote qui arrivera dans quelques mois. Cliquez ...