Annoncée ici ou là il y a quelques jours, l’information méritait d’être rapportée à l’occasion de la reprise de notre publication : entre la toute fin du mois d’août et le début du mois de septembre, le Premier ministre Edouard Philippe va recevoir, séparément, les dirigeants des principales organisations salariales et patronales afin de parler assurance chômage et, sans doute, santé au travail. La partie des partenaires sociaux s’annonce compliquée.
Des rencontres bilatérales
Aux dernières nouvelles, seul Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, n’a pas encore confirmé la date de son entrevue avec le Premier ministre. On sait simplement qu’il le rencontrera, comme les autres dirigeants syndicaux, entre le 29 août et le 4 septembre. C’est Louis Philippe, le président de la CFTC, qui ouvrira le bal de cette série de rencontre, le mercredi 29 août en fin d’après-midi. Puis, le lendemain, le Premier ministre rencontrera Pascal Pavageau, le secrétaire général de FO, François Hommeril, le président de la CFE-CGC et Alain Griset, le président de l’U2P. Geoffroy Roux de Bézieux, le nouveau président du Medef, sera pour sa part reçu à Matignon le 30 ou le 31 août. Enfin, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, fermera le bal de ces consultations bilatérales le 4 septembre.
Cadrer la négociation chômage
Les rencontres entre le Premier ministre et les dirigeants syndicaux doivent en premier lieu permettre de clairifer les objectifs de la prochaine négociation sur l’assurance chômage – objectifs qui seront repris dans la lettre de cadrage que l’exécutif fera parvenir aux partenaires sociaux avant le début de la négociation. Comme le chef de l’Etat l’a annoncé avant la pause estivale, il entend notamment lutter contre la précarité des salariés, en s’attaquant au recours trop systématique, dans certains secteurs économiques, aux contrats très courts. Cette volonté, qui ne devrait pas déplaire aux représentants des salariés, s’accompagne, certes, d’un projet qu’ils appréhendent probablement plus : Emmanuel Macron veut durcir les règles de la “permittence”, c’est-à-dire du cumul emploi-chômage.
Aborder la question de la santé au travail
Parallèlement au dossier, pour le moins complexe, de l’assurance chômage, le Premier ministre et les partenaires sociaux pourraient également, si l’on en croit les Echos, commencer à évoquer celui de la santé au travail. Tout le monde se souvient de l’annonce par Matignon, en plein été, de son intention de mettre les entreprises à contribution pour le financement des arrêts de travail de moins de huit de jours – l’idée avait évidemment fait bondir les dirigeants patronaux. Dans le cadre de ces éventuels échanges sur le thème de la santé au travail, Edouard Philippe pourra s’appuyer sur le rapport qu’il aura reçu le 27 août prochain des mains de la députée Charlotte Lecocq, de “la République en Marche”, d’Henri Forest, responsable confédéral de la CFDT, et du consultant Bruno Dupuis, du cabinet Alixio.
Des consultations utiles ?
Dans l’état actuel des choses, la tenue de ces consultations bilatérales pourra difficilement être interprétée comme une preuve de la volonté du chef de l’Etat et du Premier ministre de ne pas maintenir les partenaires sociaux à l’écart de l’élaboration des principales réformes sociales à venir. D’une part parce que, dans le cas de l’assurance chômage comme dans celui de la santé au travail, le gouvernement poursuit des objectifs précis – qui, en l’occurrence, ont toutes les chances de s’avérer différent de ceux des partenaires sociaux. D’autre part parce que, plus généralement, comme nous l’évoquons aujourd’hui même dans nos colonnes, il apparaît de plus en plus évident que l’exécutif, aidé par les éléments les plus actifs de sa majorité parlementaire, entend reprendre tout à fait le contrôle du paritarisme.