Employant environ 1,5 million de salariés, la métallurgie fait partie des secteurs d’activité qui donnent le la à la dynamique du dialogue social au niveau national. En 2018, parallèlement à la poursuite des négociations relatives à l’unification conventionnelle de la profession, les partenaires sociaux devraient discuter salaires, égalité professionnelle et contrat de chantier.
L’unification conventionnelle
A la toute fin de l’année dernière, nous avons fait un point sur l’état des négociations sur l’unification conventionnelle de la métallurgie. Nous évoquions les désaccords entre l’UIMM, la puissante chambre patronale, et la CGT, au sujet des classifications. La première organisation salariale de la profession dénonce le fait que la logique de la future grille est moins fondée sur un déroulement automatique et statutaire de carrière que sur un déroulement individualisé des carrières. S’appuyant notamment sur ce refus de la nouvelle grille, la CGT n’a pas signé l’avenant de prolongation de l’accord de méthode organisant l’unification conventionnelle de la branche. Elle demande par ailleurs la réouverture de la négociation sur les classifications, demande ayant peu de chances d’aboutir.
Si les classifications ne devraient pas être au menu des négociations paritaires sur la restructuration conventionnelle qui se tiendront en 2018, le temps de travail devrait en revanche continuer à être débattu. L’UIMM entend obtenir une flexibilisation du temps de travail : forfait-jours à près de 280 jours par an, augmention du quota des heures supplémentaires de 220 à plus de 400, moindre majoration des heures supplémentaires et de nuit. Les représentants des salariés ne sont, bien évidemment, pas tout à fait d’accord avec ces projets. Les discussions sur le temps de travail ayant toutes les chances de se prolonger quelque peu, l’enjeu de la protection sociale – qui, rappelons-le, devait à l’origine être abordé courant 2017 – attendra bien encore quelques semaines.
Les autres négociations
En plus de l’unfication conventionnelle, qui nécessite tout de même deux réunions paritaires par mois, les partenaires sociaux doivent mener une négociation relative aux salaires des cadres et agents de maîtrise. Lors d’un premier tour de table qui a eu lieu en décembre dernier, les représentants des salariés ont pu exprimer leurs revendications. Très en forme, la CGT a jugé que la bonne tenue de l’activité de la profession permettait de voir large, comme une augmentation de 4 % par exemple, assortie d’une hausse de 10 % étalée sur trois ans. Qui a dit que l’industrie française se portait mal ? On peut comprendre que l’UIMM ait préféré temporiser et annoncer qu’elle n’avancerait ses propositions que lors de la séance de négociation de janvier 2018, qui se tient aujourd’hui même.
Outre cette importante discussion salariale, les représentants de la métallurgie devraient se saisir de l’enjeu de l’égalité professionnelle. Les inégalités salariales hommes-femmes dans la métallurgie sont, certes, moindres qu’ailleurs : l’étude de l’APEC sur laquelle s’appuient les négociateurs indique que les salaires des femmes y sont de 4 % inférieurs à ceux des hommes. Ceci étant dit, les représentants des employeurs et des salariés devraient tenter de faire évoluer la situation et d’atteindre l’absence de différence. Les partenaires sociaux pourraient également en venir à discuter du déroulement des carrières des uns et des autres, les représentants des salariés estimant que les femmes sont défavorisées par rapport aux hommes dans ce domaine.
Enfin, n’escomptant pas seulement faire des concessions aux syndicats de salariés mais également servir autant que faire se peut les intérêts de ses adhérents, l’UIMM a fait savoir qu’elle veut signer un accord sur les contrats de chantier. Préférant aller vite, la chambre patronale n’entend pas négocier dans le cadre de l’unification conventionnelle ce type de contrat généralisé par les ordonnances. Contrairement au patronat de la chimie qui, comme nous l’avons dit hier, tend à vouloir utiliser ces ordonnances afin de remettre en cause le dialogue sociale de branche, l’UIMM paraît ainsi tentée de profiter de la réforme du Code du Travail sans braquer les organisations syndicales de salariés.