Présidence du MEDEF: libéraux et sociaux-démocrates se marquent à la culotte

Après l’éviction de Dominique Sénard devenu le non-candidat à la présidence du MEDEF, les candidatures affluent. Elles recouvrent pour l’essentiel le fossé qui oppose depuis toujours (ou presque) au sein du patronat les libéraux et les sociaux-démocrates. Petit point sur les candidatures.

La présidence du MEDEF aiguise les appétits. Après la sortie de route de Dominique Sénard, patron de Michelin dépassé par la limite d’âge, les noms commencent à pleuvoir comme à Gravelotte. Libéraux et sociaux-démocrates fourbissent leurs armes à l’approche d’une compétition qui pourrait s’annoncer disputée et musclée.  

Patrick Martin, le premier des candidats sociaux-démocrates

Sur les starting-blocks depuis l’été 2017, Patrick Martin, président du MEDEF Auvergne devrait confirmer sa candidature. Ce président d’un groupe de distribution en sanitaires affirme vouloir un MEDEF plus collectif et participatif. Cette tarte à la crème de toutes les élections au MEDEF s’appuie sur une ligne sociale-démocrate traditionnelle: un lien étroit avec les pouvoirs publics pour limiter la hausse de la fiscalité et, pour le reste, un silence sur les grands sujets d’actualité, comme l’avenir du paritarisme. Patrick Martin, issu du bâtiment, épouse la ligne de cette branche: maintenir le consensus social, etc. 

Frédéric Motte, le deuxième social-démocrate

Président du MEDEF des Hauts-de-France, Frédéric Motte a déclaré sa candidature début décembre 2017. Comme Patrick Martin, il est sur une ligne régionale et sociale-démocrate. On trouvera sur son profil Linkedin cette phrase emblématique:  

Plus que jamais, dans nos comportements, nos engagements, nos actions, nous nous devons d’être des entrepreneurs responsables. Il nous faut donner du sens à nos projets d’entreprises, remettre l’Homme au cœur de ce que nous construisons, replacer l’entreprise au cœur de nos villes et villages, de nos territoires. 

 

C’est mignon comme le journal intime du petit chaperon rouge. Issu de l’industrie, Motte est une bonne illustration du patronat social-chrétien traditionnel du Nord, attaché à la doctrine sociale de l’Église.  

Jean-Charles Simon, le premier des libéraux

Face à cet afflux de candidats marqués à gauche, l’aile libérale du MEDEF vient de susciter une candidature en remplacement partiel de celle avortée de Dominique Sénard. Il s’agit de Jean-Charles Simon, ancien directeur général du MEDEF sous Laurence Parisot, et accessoirement ancien directeur des études du RPR.  

L’intéressé s’est illustré par un rapport à l’institut de l’entreprise qui proposait d’en finir avec le paritarisme de gestion. Il est réputé avoir le soutien des grands assureurs de la place qui font l’aile droite du MEDEF aujourd’hui (Denis Kessler et Claude Tendil, président de la commission protection sociale du MEDEF et chef de file des négociations sur les retraites complémentaires).  

Geoffroy Roux de Bézieux, bientôt deuxième candidat libéral?

Le cycle des candidatures est-il fini?  

Beaucoup s’attendent à voir sortir du bois Geoffroy Roux de Bézieux, issu de l’aile libérale et actuel vice-président du MEDEF. L’intéressé a incontestablement l’étoffe et la légitimité pour présider cette maison. Il est proche des services.  

Alexandre Saubot ira-t-il?

D’autres s’attendent aussi à la candidature d’Alexandre Saubot, président de l’UIMM et proche de la ligne sociale-démocrate. Sa candidature, qui ne doit pas ravir les “financiers” de la banque et de l’assurance, risque toutefois d’être affaiblie par le style personnel un peu rigide du bonhomme. En outre, il se murmure que l’intéressé mesure bien la difficulté de concilier une présidence bénévole du MEDEF avec la conduite des affaires familiales.  

Il manque un régional libéral…

Les esprits perfides noteront que Dominique Sénard n’a pu se présenter notamment du fait de l’opposition des MEDEF régionaux. Au moment où l’accord d’entreprise devient essentiel dans le paysage social, il se pourrait bien que le maillon local le devienne au sein du MEDEF. 

Dans ces conditions, il manquerait donc une candidature régionale libérale.  

À bon entendeur, salut… 

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