Après les maheureux épisodes des ex-futurs candidats à la présidence du Medef recalés pour cause d’âge trop avancé, l’engagement dans la course présidentielle de Jean-Charles Simon, quadragénaire bien connu des milieux patronaux, vient écarter le risque d’un troisième coup de Trafalgar du même type. Principale promesse de son programme : il entend dynamiter le paritarisme à la française.
Un apparatchik du grand patronat…
A première vue, Jean-Charles Simon, 47 ans, a tout de l’apparatchik patronal de haut rang. Statisticien économiste diplômé de l’ENSAE également passé par la formation au service public de l’IEP de Paris, il est rapidement devenu directeur des études au sein du Rassemblement pour la République (RPR). Après ce poste, en 1999, il a intégré la FFSA, où il a été conseiller du président – en l’occurrence, Denis Kessler – puis directeur des affaires publiques. Clairement marqué “grand patronat”, en 2004, il prend la direction de l’Association française des entreprises privées (AFEP), souvent considérée comme l’organisation patronale des entreprises du CAC 40. Enfin, en 2008, il intègre le Medef en qualité de directeur général délégué, poste qu’il quitte en 2010.
… ayant un ancrage en entreprise
Si Jean-Charles Simon avait déjà mis un pied dans l’entreprise lors de la première partie de sa carrière : trader dans les produits dérivés avant son passage au RPR, il était également administrateur de HiMedia Group depuis 2005, c’est toutefois son départ du Medef qui lui permet d’engager une carrière entrepreneuriale. Après un bref passage chez Groupama, comme directeur des affaires publiques et économiques, Jean-Charles Simon rejoint Denis Kessler à la Scor, où il occupe, entre 2010 et 2013, le poste de chef économiste et directeur des affaires publiques et de la communication. Après son départ de la Scor, parallèlement à un poste de chroniqueur à BFM Business, il dirige sa propre société, Stacian, une TPE spécialisée dans les services en statistiques et en science économique.
Le refus des “compromissions du paritarisme”
Au-delà des lieux communs patronaux relativement convenus qu’il avance dans sa déclaration de candidature, Jean-Charles Simon renoue avec la grande tradition kesslero-seillirienne de la critique radicale du paritarisme français. Il juge sévèrement “l’échec” de ce système où, “paradoxe saisissant”, le patronat “construit la norme sociale au niveau interprofessionnel et dans les branches, imposant parfois de lourdes contraintes aux entreprises”. M. Simon estime donc que le Medef “ne peut plus continuer à valider des hausses de cotisations pour des mécanismes qui devraient relever soit de la solidarité nationale, soit du marché”. Il en conclut que le Medef doit se “dégag[er] des compromissions du paritarisme”. En somme : Jean-Charles Simon prône la refondation sociale version 2018.
Une candidature crédible
Les défenseurs des institutions paritaires françaises peuvent nourrir quelques inquiétudes à la lecture de ce programme libéral et assumé comme tel. Cumulant à la fois les titres patronaux parmi les plus prestigieux et la légitimité entrepreneuriale, Jean-Charles Simon est un candidat sérieux à la présidence du Medef. Il n’est d’ailleurs pas anodin que sa candidature surprise ait été annoncée après l’échec des candidatures Senard et Chaine-Ribeiro. Porté par une aile libérale du patronat français qui n’entend pas laisser la voie libre à Alexandre Saubot, Jean-Charles Simon a des chances sérieuses de remporter les faveurs de nombreux responsables patronaux et, plus encore, de nombreux entrepreneurs français.