Pour Force Ouvrière, la reprise du volailler Doux est un cache-misère

Cet article a été rédigé pour le site du syndicat de salariés FO

 

Le 18 mai, la justice a désigné le consortium emmené par LDC (Poulets de Loué) pour reprendre le volailler Doux, placé en liquidation début avril. Ces sociétés vont conserver 811 des 1 165 emplois du groupe et proposer des reclassements. Nadine Hourmant, déléguée centrale FO, ne cache pas sa colère. 

Le tribunal de commerce de Rennes a choisi, le 18 mai, le consortium composé notamment du leader de la volaille LDC (Poulets de Loué), du groupe coopératif Terrena (ancien actionnaire principal) et du Saoudien Al-Munajem (premier client de Doux) pour reprendre le groupe volailler en difficultés financières. C’était le candidat le mieux disant en termes d’emploi. Une nouvelle société, Yer Breizh, va être créée. 

Plusieurs ministères et la région Bretagne se félicitent dans un communiqué commun d’une reprise exemplaire qui apporte des solutions à tous les emplois : 811 des 1 165 postes du groupe seront conservés et des reclassements seront proposés pour les autres,tant en Bretagne qu’en Pays de la Loire

Des salariés avec 30 ans d’ancienneté concernés par les transferts

Mais de son côté Nadine Hourmant, déléguée centrale FO chez Doux et secrétaire générale de l’union départementale FO du Finistère, ne décolère pas. On ne peut pas entendre qu’il y a une solution pour chaque salarié, dénonce-t-elle. Sur mon site à Châteaulin, 79 CDI sur 453 doivent partir. Pour la charrette, qui concerne trois ateliers, ils sont remontés à 30 ans d’ancienneté, ils savent ce que c’est 30 ans dans la même boîte ? Qu’ils viennent voir les salariés en stress.

Nadine Hourmant accompagne les salariés concernés lors de leur entretien. Selon elle, il est proposé un transfert sur trois sites dans le cadre d’une convention avec LDC. les salariés reviendront dans deux ans travailler dans le nouvel abattoir qui doit être construit à Châteaulin. 

« Ici, c’est pleurs et incompréhension »

Les salariés vont refuser, et s’ils refusent, ils seront licenciés dans le cadre du PSE, poursuit-elle. Ici, c’est pleurs et incompréhension, ils ne comprennent pas qu’on licencie des gens qui ont 30 ans d’ancienneté alors que des intérimaires et des CDD restent en poste. D’autres reclassements sont prévus pour une vingtaine de salariés de Plouray (Morbihan) ou pour des postes administratifs du siège. Quant au site de Chantonnay, qui emploie 145 salariés en Vendée ainsi que 120 intérimaires et CDD, il est condamné. 

Chaque salarié à une offre mais parfois à une heure de voiture, et il n’y a pas de prime exceptionnelle pour le transport, ajoute-t-elle. D’autres devront déménager, or on ne déménage pas comme ça. Elle demande la mise en place d’une cellule psychologique. Elle souhaiterait aussi un plan de départs volontaires pour les salariés proches de la retraite. 

Recentrer l’activité sur le marché français

C’est un gâchis énorme, poursuit-elle. A cause d’erreurs de gestion et de choix stratégiques, Doux, une entreprise familiale créée en 1955 n’existe plus depuis le 22 mai. Le groupe a reçu beaucoup d’aides publiques et il n’y a jamais eu de contrôle de leur utilisation. Les dirigeants restent impunis et derrière ce sont les salariés qui paient un lourd tribu à la finance et au fric, j’en ai ma claque. 

Le groupe, qui avait déjà été placé en redressement judiciaire en 2012 après avoir supprimé près d’un millier d’emplois, avait orienté son activité vers l’exportation de poulets congelés au Moyen-Orient. Confronté notamment à la concurrence brésilienne, il perd près de 35 millions d’euros par an. L’ambition du consortium est notamment de reconquérir le marché français où près de la moitié de la volaille consommée est importée malgré le savoir-faire national. C’est une revendication portée par FO depuis des années. 

Au milieu de son amertume colère, un sourire filtre dans la voix de la déléguée FO. Je viens d’être saluée par un salarié que j’ai rattrapé hier, explique-t-elle. Il était dans la charrette avec sa femme mais lorsque des couples travaillent chez Doux, on a obtenu que l’un des deux puisse rester. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...