Cet article est paru sur le site du syndicat de salariés FO
Il va bien falloir que la reprise de l’économie mondiale se traduise, notamment en France, par une hausse des salaires et une augmentation du nombre des contrats durables. C’est, en substance, ce qu’a déclaré Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, lors de la présentation des perspectives 2018-2019 de l’économie mondiale et de la zone euro.
Malgré une accélération de la croissance, les entreprises françaises peinent à recruter, souligne l’OFCE, l’organisme de prévision et de recherche en analyse économique rattaché à Sciences Po. Des difficultés qui se concentrent dans l’industrie et en général dans les entreprises de moins de 50 salariés, et tout particulièrement dans les moins de 10 salariés. La reprise a peut-être été plus dynamique que ce qu’avaient anticipé beaucoup d’entreprises
, indiquait récemment l’économiste Mathieu Plane en présentant l’analyse de l’OFCE sur les perspectives 2018-2019 de l’économie mondiale et de la zone euro. Ces tensions montrent que le marché du travail s’améliore et qu’il va falloir réembaucher et remettre en place des dispositifs pour trouver les bonnes personnes, les bonnes qualifications.
Manque d’attractivité
Une étude publiée par Pôle emploi peut fournir des éléments d’explication à ce paradoxe. Selon Pôle emploi, plus de 95 % des offres d’emploi aboutissent et les difficultés de recrutement concernent les moins de 5 % restants. La première raison invoquée pour ces postes qui ne trouvent pas preneurs : le manque d’attractivité, c’est-à-dire des salaires trop faibles. Le manque de diplôme ou de formation arrivant en queue de peloton. Il va donc bien falloir que les entreprises acceptent d’augmenter les salaires, prévient l’OFCE. On ne peut avoir seulement une problématique de formation et de qualification.
De son côté, le ministère du Travail constate aussi que les salaires réels dans les entreprises de plus de 10 salariés stagnent et qu’ils évoluent moins vite que la productivité.
L’OFCE rappelle que les marges dans l’industrie ont beaucoup augmenté pour devenir très élevées : Il faut un rééquilibrage sur la valeur ajoutée, redistribuée sous la forme de salaire ou de contrats de meilleure qualité.
Créations d’emplois dans les services
S’agissant du marché du travail, l’OFCE envisage un rythme de création d’emplois qui pourrait être important. Ces créations ont principalement lieu dans les services et dans les grandes entreprises. Nous avons un taux de croissance robuste, 2 % en 2018 et 2,1 % en 2019, essentiellement dans le secteur marchand, poursuit Mathieu Plane. En revanche dans le secteur non marchand, notamment avec la baisse des emplois aidés, la réduction est marquée.
Ce qui explique le fait que l’emploi total, malgré la croissance, qui est meilleure du côté du secteur privé, est en légère diminution : après la création de 271 000 emplois en 2017, 2018 devrait enregistrer 194 000 emplois créés et 250 000 en 2019.
Malgré ces petits heurs, on voit bien que la dynamique du taux de chômage est clairement à la baisse
, conclut l’OFCE. À la fin de l’année 2018, le taux de chômage en France métropolitaine devrait se situer à 8,4 % pour arriver en 2019 à 7,9 %.
Les réactions de FO au Congrès de Lille
La résolution générale votée au Congrès de Lille comporte une tête de chapitre intitulée « Face à une société de plus en plus inégalitaire et polarisée, priorité à l’augmentation des salaires et des pensions ».
Extraits de la résolution générale :
Le Congrès exige une meilleure répartition des richesses et dénonce la persistance de la modération salariale. Il revendique une véritable hausse du pouvoir d’achat, réitérant comme priorité et nécessité économique et sociale l’augmentation générale des salaires assortie d’une réelle égalité salariale entre les femmes et les hommes. […] Il défend la création d’emplois en CDI ou sous statut et un Smic à 80 % du salaire médian. Le Congrès exige l’arrêt du gel des traitements et salaires des fonctionnaires et des agents publics […]. Le Congrès défend également une augmentation du pouvoir d’achat des retraités, et demande le retour à l’indexation générale des retraites, pensions et pensions de réversion sur les hausses de salaires. […] Le Congrès dénonce l’ingérence de l’Union européenne qui, en appelant notamment à une révision des mécanismes d’indexation des salaires, traitements et pensions, érige la déflation salariale en véritable outil de politique économique et de restauration de compétitivité.
Extraits de la résolution sociale :
Le Congrès réaffirme que l’augmentation générale des salaires, pensions, minima sociaux est une urgence dans la situation économique désastreuse qui frappe l’ensemble des salariés publics et privés. […] Le Congrès réitère son refus de voir substituer au salaire direct tous les éléments dits de rémunération ou d’accessoires de salaire, qui vont de l’intéressement à l’épargne salariale jusqu’à l’actionnariat salarié en passant par l’épargne retraite, dont les exonérations sociales et fiscales aggravent les déficits des organismes sociaux et participent à l’affaiblissement des régimes de retraite par répartition, au bénéfice du développement de la capitalisation. De même, le Congrès refuse que dans la fonction publique, le blocage du salaire indiciaire s’accompagne d’une distribution inégalitaire et discriminatoire des primes et des indemnités.