La situation dans les hôpitaux publics devient un peu plus alarmante chaque jour. Pour contrer ce phénomène, un collectif de médecins prône une mesure radicale : il veut porter plainte contre les pouvoirs publics pour « mise en danger de la vie d’autrui et maltraitance des équipes« .
Ils en ont ras-le-bol de l’immobilisme étatique. Ils ont aussi le sentiment d’avoir été abusés, qu’on leur demande de toujours plus rogner sur leurs budgets alloués sans jamais voir d’amélioration. Cette fois-ci, c’en est trop. Sept chefs de service et un collectif de soignants des Hôpitaux de Strasbourg menacent de porter plainte contre le directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Grand-Est.
Une situation intenable !
La gronde ne date pas d’aujourd’hui. Déjà la semaine dernière, le personnel des urgences s’était mobilisé pour dénoncer le manque de moyens de l’hôpital public. Mais ce lundi 26 mars, c’était au tour des professeurs de médecine et chefs de service de descendre dans la rue.
La situation est telle qu’on n’a plus le choix, les chefs de service doivent se mobiliser pour expliquer les difficultés au quotidien. On manque de tout, de personnel, d’infirmières, d’aides-soignantes, de matériel, de lits…La sécurité des malades est en jeu !
Professeur Jean-Philippe Mazzucotelli chef de service de chirurgie cardiaque aux HUS
Le professeur Mazzucotelli dénonce aussi la mise en plan « d’un plan de retour à l’équilibre sans concertation, sans écouter ni répondre aux interrogations des praticiens« . Il explique aussi avoir réduit de « 30% ses consommations d’actes de radiologie et de biologie tout en ayant vu des réductions de personnel et de lits.«
Il faut investir dans la structure pour la sauvegarder. Ce n’est pas possible autrement. Si on nous disait qu’il n’y a pas d’argent, je pourrais le comprendre, mais ce n’est pas vrai. L’ARS a donné 20 millions à la clinique Rhéna, elle s’apprête à donner encore quelques millions à la clinique de l’Orangerie… C’est inacceptable. Le directeur de l’ARS considère qu’il faut une répartition de l’offre de soins équilibrée… Mais donner de l’argent aux cliniques, ce n’est pas se préoccuper de la situation sanitaire de la région, c’est s’impliquer dans la gestion financière des cliniques privées. Ça n’a rien à voir et ce n’est pas le rôle de l’ARS de se préoccuper de la santé financière des cliniques. Surtout quand on sait qu’elles sont gérées en arrière-plan par des fonds de pension, pour lesquelles la rentabilité doit être maximale et pour laquelle on réduit au maximum le personnel. S’il y a un modèle à ne pas suivre, sur le plan de la moralité et de l’éthique, c’est bien les cliniques privées. On est dans un monde de fous.
Aujourd’hui, Jean-Philippe Mazzucotelli prévient que lui et son collectif sont prêts à engager toutes les démarches nécessaires pour rétablir l’équilibre et sauver l’hôpital public. Il parle entre autres de porter plainte contre l’ARS pour « mise en danger de la vie d’autrui, harcèlement du personnel et maltraitance du personnel et des patients.«