PLFSS 2025 : l’Unsa rejette la révision des jours de carence en cas d’arrêt maladie

Ce communiqué a été diffusé par l’Unsa.

La chasse aux économies est ouverte. À l’Assemblée nationale, certains députés avancent des solutions simplistes pour réduire le coût des arrêts maladie. Pour l’UNSA, ces propositions sont mal avisées et dispensent leurs auteurs de s’attaquer aux causes profondes afin d’améliorer durablement la qualité de vie et les conditions de travail.

Sous prétexte de réduire les dépenses et de « lutter contre l’absentéisme », certains députés souhaitent instaurer un ou plusieurs jours de carence obligatoires, c’est-à-dire des jours d’arrêt maladie non indemnisés. L’UNSA critique cette mesure, qui traite le problème de manière très réductrice.

Il faut d’abord rappeler que 40 à 60 % des salariés refusent l’arrêt de travail qui leur est prescrit. Non pour des raisons médicales, mais du fait de contraintes professionnelles. Parmi les raisons invoquées figurent l’absence de remplacement et la surcharge de travail qui en découle, les répercussions possibles sur la carrière ou encore le jugement des collègues et la pression hiérarchique. Autant d’aspects qui interrogent notre rapport collectif à la santé et au travail.

Vouloir réduire les arrêts maladie à une question d’absentéisme témoigne d’une méconnaissance de la réalité. On sous-entend que les salariés sollicitent des arrêts de complaisance. Si des abus existent à la marge – et il faut les combattre –, l’immense majorité des travailleurs ne s’arrête pas par convenance personnelle, mais pour des raisons de santé. Et avec l’allongement de la durée de carrière, l’UNSA présume que les arrêts maladie iront croissant si aucune amélioration notable des conditions de vie et de travail n’est mise en œuvre.

Pour l’UNSA, imposer des jours de carence d’ordre public revient à ignorer les conséquences de la maladie sur les travailleurs, accentuer les inégalités de santé et à dégrader les conditions et la qualité de vie au travail. Ainsi, ceux qui disposent des moyens financiers pourront s’arrêter pour se soigner, tandis que les plus précaires risquent de continuer à travailler au détriment de leur santé. Avec une conséquence prévisible : aggraver leur état et coûter à terme plus cher à la Sécurité sociale. En outre, cela pourrait pénaliser leur sécurité ainsi que celle de leurs collègues, mais également la productivité.

L’UNSA attend du législateur qu’il s’attaque aux causes du problème. Par exemple, comment déployer des politiques de prévention au travail efficaces ? Quelles mesures adopter afin que les entreprises et les administrations respectent leurs obligations de prévention des risques professionnels, qu’ils soient physiques ou psychiques ? Comment limiter les facteurs (logement, pollution, alimentation, accès aux soins, etc.) qui creusent les inégalités en matière de santé ? Alors que la santé mentale est annoncée comme grande cause nationale, quelle responsabilité prendrait une société refusant à un travailleur épuisé le droit de s’arrêter, faute de prise en charge adéquate ?

L’amélioration durable de la qualité et des conditions de travail doit primer sur des mesures simplistes qui ne répondraient qu’à court terme à des considérations d’ordre budgétaire et qui sanctionneraient d’abord les plus précaires.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

PLFSS 2026 : rejet du socle solidaire et responsable par la ministre Amélie de Montchalin

Lancer la vidéo

Nicolas Desormiere (MH) : la garantie aidants, nouvelle corde de la prévoyance CCN

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #4 : zoom sur les dernières grandes actus CCN santé/prévoyance

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #5 : l'actualité des CCN Syntec, chimie, sécurité sociale

You May Also Like

Avis d’extension d’un avenant à l’accord collectif de prévoyance interbranches dans les exploitations de polyculture élevage maraîchage CUMA de Loire-Atlantique

La ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, envisage d’étendre, par avis publié le 19 décembre 2025 les dispositions de l’avenant n° 8 du 25 juin 2025 à l'accord collectif de prévoyance interbranches concernant les salariés non-cadres des exploitations de polyculture, de viticulture, d'élevage, de maraîchage, d'horticulture, de pépinières, des entreprises des territoires et des coopératives d'utilisation de...

Avis d’extension d’un avenant à l’accord sur une protection sociale complémentaire en santé dans certains départements des Pays de la Loire et de l’ouest de la France

La ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire, envisage d’étendre, par avis publié le 19 décembre 2025, les dispositions de l’avenant n° 9 du 27 janvier 2025 à l'accord sur une protection sociale complémentaire en santé dans certains départements des Pays de la Loire et de l'ouest de la France. Les organisations professionnelles et toutes personnes...

Avis d’extension d’un avenant à l’accord collectif de prévoyance dans les exploitations et entreprises agricoles de la région d’Alsace

La ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire, envisage d’étendre, par avis publié le 19 décembre 2025, les dispositions de l’avenant n° 8 du 25 novembre 2024 à l'accord collectif de prévoyance dans les exploitations et entreprises agricoles de la région d’Alsace (IDCC 8422). ...

Avis d’extension d’accords territoriaux (Pays de la Loire [Maine-et-Loire – Mayenne – Sarthe – Vendée]) dans les CCN des OETAM du bâtiment

Le ministre du travail et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 19 décembre 2025, les dispositions de 3 Accords territoriaux (Pays de la Loire [Maine-et-Loire - Mayenne - Sarthe - Vendée]) du 7 novembre 2025 relatifs aux salaires et aux indemnités de petits déplacements, conclus dans le cadre des conventions collectives nationales des ouvriers employés par les entreprises du bâtiment du 8 octobre 1990 visées et non visées...