Cet article provient du site du syndicat CGT.
En pleine Loi Travail, le patron des patrons Pierre Gattaz avait comparé des militants de la CGT à des “voyous” et des “terroristes”. Jeudi, le parquet a réclamé sa condamnation, suite à une plainte déposée par la CGT.
Le parquet de Bobigny a demandé jeudi la condamnation pour diffamation du patron du Medef, Pierre Gattaz, qui avait comparé des militants CGT à des “terroristes” et des “voyous”, en plein conflit sur la loi travail. “Assimiler des syndicalistes à des voyous et des terroristes, dans le contexte actuel, en France, est quelque chose qui n’est pas digne et n’a pas sa place dans le débat social”, a estimé le procureur, Loïc Pageot, appelant le tribunal à condamner Pierre Gattaz, absent lors de l’audience, sans toutefois préconiser de peine. Fin mai, alors que la fronde contre la loi El Khomri s’apprêtait à entrer dans son quatrième mois, le patron des patrons avait appelé le gouvernement dans les colonnes du quotidien Le Monde à “ne pas céder au chantage, aux violences, à l’intimidation, à la terreur”, ajoutant que c’est “visiblement” “la conception du dialogue social” de la CGT. “Faire respecter l’Etat de droit, c’est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes ne bloquent pas tout le pays”, avait-il déclaré. L’avocat de la centrale, Emmanuel Gayat, a déploré lors de l’audience que le mot “terroriste” “soit accolé à une organisation de salariés, dans un contexte d’état d’urgence, alors que tout le monde sait ce qu’est un terroriste aujourd’hui”.
“Étonné” par les réquisitions du parquet, Me Jean Veil, l’un des avocats du prévenu, a affirmé que “l’intention de Mr Gattaz n’était évidemment pas de comparer les militants CGT à des jihadistes”. “Le mot +terroriste+ n’est pas interdit”, a-t-il lancé au tribunal.”Je ne comprends pas que la CGT pousse des cris de jeune fille outragée quand on lui dit qu’elle a des méthodes de voyous ou de terroristes, elle qui nous parle dans ses tracts de +patrons voyous+, voire de +patrons jihadistes+”, a de son côté plaidé son collègue Dominique de Leusse.
La CGT, qui a assigné le patron du Medef en justice, lui réclame 10.000 euros de dommages et intérêts. Les propos de Pierre Gattaz dans le Monde avaient suscité une avalanche de réactions indignées, dans la classe syndicale comme politique.
Le patron des patrons était lui-même revenu sur ses déclarations, reconnaissant que “le mot terroriste était inadapté dans ce contexte”. Le tribunal rendra son jugement le 16 février. AFP