Philippe Martinez roule à 32

Le tout nouveau secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, tient à investir d’emblée un rôle de contestataire. Après avoir appelé à une journée de mobilisation interprofessionnelle au printemps, il s’est prononcé en faveur de la semaine de 32 heures. Une prise de position à contre-courant qui n’est pas sans arrière-pensées… 

La semaine de 32 heures payées 39

Première interview et premier pavé jeté dans la mare. Jeudi dernier, sur France Inter, Philippe Martinez finissait bien sa semaine. Afin de s’attaquer au problème du chômage, il a estimé “incontournable” une nouvelle réduction du temps de travail. Le passage aux 32 heures de travail hebdomadaire ne serait “pas une absurdité” selon lui. 

Outre la réduction du chômage, les 32 heures permettraient également de diminuer la pression qui s’exerce sur les salariés qui ont un emploi. “Il y a besoin que des salariés qui ont trop de travail, qui sont mal dans leur travail, puissent laisser un peu de temps à ceux qui n’ont pas d’emploi”. 

Contre une définition micro-économique de l’activité, selon laquelle c’est le travail qui crée le travail, la CGT a toujours défendu une conception plus systémique ou macro-économique. D’après elle, l’activité socialement nécessaire à la production nationale est une donnée qui peut être quantifiée et donc partagée entre les travailleurs.  

Lors de son interview, Philippe Martinez n’a pas évoqué la question de la rémunération des salariés qui passeraient aux 32 heures. Il est toutefois peu probable qu’il envisage une diminution proportionnelle des salaires. Les progrès de la productivité du travail permettraient aux 32 heures d’être payées 35, c’est-à-dire 39. 

Une proposition à contre-courant

Le secrétaire général de la CGT pourrait être le seul à défendre sa proposition. Il est bien évidemment exclu qu’il soit soutenu par le patronat, qui n’a pas encore digéré les 35 heures. Les employeurs n’acceptent la diminution du temps de travail qu’à la condition qu’elle donne lieu à un salaire partiel

Les orientations économiques actuellement défendues par l’Elysée, Matignon et Bercy indiquent que Philippe Martinez ne pourra pas compter sur beaucoup de relais dans le champ politique. Pour les responsables de la majorité – et ne parlons pas de ceux de l’opposition – l’heure est plus à la “libération du travail” qu’à la multiplication des règles s’appliquant aux entreprises. 

Enfin, du côté des autres syndicats de salariés, la semaine de 32 heures ne fait pas partie des revendications qui sont à l’ordre du jour. La réduction du temps de travail demeure un principe considéré comme positif mais, selon eux, l’heure est plus à la consolidation des 35 heures qu’à l’approfondissement du processus. 

Dans ce contexte, Philippe Martinez pourrait bien faire l’objet d’un procès en irresponsabilité. En cas de nécessité de repli, il pourra toujours expliquer que le mot d’ordre des 32 heures n’était qu’une manière de faire appliquer réellement les 35 heures, qui sont bafouées selon la CGT. 

Travailler dur pour remonter la pente

Philippe Martinez ne devrait pourtant pas chercher à défendre vraiment sa proposition et encore moins à mobiliser les salariés à son sujet. Il sait aussi bien que tout le monde que la situation économique, sociale et politique de la France est difficilement compatible avec une diminution du temps de travail. 

En réalité, pour le secrétaire général de la CGT, la semaine de 32 heures apparaît comme un bon moyen de remettre la CGT en ordre de bataille. Finie la crise interne, place au rassemblement et à l’unité derrière un discours offensif et revendicatif. Le contenu du discours importe moins que ses effets escomptés sur les troupes. 

Par ailleurs, pour M. Martinez, s’affirmer comme un tenant de la ligne syndicale dure permet de rejeter les accusations d’amollissement de la CGT. Alors que Jean-Claude Mailly semble décidé à durcir le ton contre le gouvernement, la CGT tient à conserver son avance en matière de radicalité. 

Et la réduction du temps de travail dans tout cela ? Alors qu’ailleurs, certains employeurs considèrent qu’elle peut être un gage de travail bien fait, dans le cas français, elle risque fort de n’être utilisée que comme un faire-valoir ou un défouloir dans le cadre d’enjeux et d’oppositions qui la dépassent largement. 

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