Parmi la longue série de situations ubuesques que nous relatons dans nos colonnes, nous nous intéressons cette fois au centre hospitalier de Quimperlé, en Bretagne, et plus particulièrement à son ex-chef de service. Ainsi, la Chambre régionale des comptes met en lumière que le docteur X, nommé chef de service en 1984, n’exerçait pas mais était tout de même rémunéré près de 7 400€ brut mensuel.
Payé pour rester loin de ses patients. Voici comment résumer la situation de l’ex “docteur X” du centre hospitalier de Quimperlé. Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes est revenue sur le cas de ce praticien devenu chef de service sans pour autant exercer, tout en touchant une généreuse rémunération.
“Incompétence avérée de ce médecin”
Ainsi, le “coût salarial était de 130 000€ par an”. De plus, outre son salaire, il faut prendre en compte le fait que son maintien fait perdre de l’argent à l’hôpital qui pourrait embaucher un autre médecin à la place. “Son absence a privé l’établissement de recettes d’activité d’un montant évalué à 980 000 € par an et ce, dans un contexte général de difficultés de recrutement de médecins et alors que la situation financière de l’établissement est fragile.”
Voici donc le “docteur X”. En 1984, il est nommé chef de service au CH de Quimperlé. Mais depuis cette date, les rapports décrivant son “incompétence et des problèmes de comportements, tant vis-à-vis du personnel, que des patients”se multiplient. Mis à pied une première fois, il est réintégré avant une nouvelle suspension en 1991 par le directeur de l’hôpital au motif d’insuffisance professionnelle. La procédure n’aboutira pas.
En 2004, l’Agence régionale de l’hospitalisation doit même attribuer une aide annuelle d’urgence de 124 000€ pour compenser le “surcoût lié à ce praticien sans affectation ni activité“.
Cette situation va durer 6 ans avant que les premiers griefs officiels ne fassent surface. En 2010, le directeur de l’hôpital demande au “docteur X” de faire valoir ses droits à la retraite, que ce dernier refuse.
Mieux, le centre national de gestion est saisi en 2012 et 2014 afin de trouver une solution. L’idée d’initier officiellement une procédure de mise en recherche d’affectation est refusée les deux fois, le CNG mettant en garde “contre une suppression de poste qui pourrait s’apparenter à une sanction déguisée ou un détournement de procédure.”
Finalement, le “docteur X” prendra sa retraite en janvier 2017, pas inquiété pour un sou. On ne se fait que peu de doute sur le fait que son départ a dû laisser un grand vide…dans les caisses, mais un grand vide quand même.