Pascal Pavageau, secrétaire général du syndicat Force Ouvrière, pourrait être démis de ses fonctions par un Comité Confédéral National (CCN) prochain. Pour l’instant, après la révélation par le Canard Enchaîné d’un fichier sur les cadres du parti, le leader syndical élu en avril évite de se présenter dans les instances statutaires habituelles où le dossier devrait être évoqué. Ça sent le roussi pour celui qui avait manifesté peu d’élégance lors de la succession de Jean-Claude Mailly.
Mais quelle mouche a piqué Pascal Pavageau, de laisser prospérer un fichier totalement prohibé par la loi, recensant les opinions politiques de ses cadres? Les révélations par le Canard Enchaîné, abondamment reprises par la presse, sur les qualificatifs souvent désobligeants employés à l’encontre des militants, sont stupéfiantes. Le manque de prudence du secrétaire général laisse perplexe.
Qui plus est, la méthode du fichage rappelle des temps obscurs pour ce syndicat né d’une scission avec la CGT stalinienne de 1947…
Un malaise diffus depuis plusieurs mois
En réalité, les révélations du palmipède ne sont pas le début d’une affaire, mais plutôt son aboutissement. Depuis plusieurs mois, des cadres de FO s’étaient montrés surpris par le souci très intrusif que Pascal Pavageau avait eu d’éviter tout franc-maçon dans son entourage. Il est pourtant de notoriété publique que cette organisation syndicale est le refuge de différentes minorités: des francs-maçons, des trotskistes, et aussi des francs-maçons trotskistes, appartenant au mouvement historique dit des lambertistes.
Depuis quelques semaines, certains proches de l’organisation s’inquétaient à haute voix de savoir le secrétaire général soucieux d’identifier cette catégorie et d’en marquer les ramifications. “Mais pourquoi fiche-t-il les francs-maçons?” est une phrase entendue dans plusieurs conversations. L’affaire lui pendait au nez.
Rattrapé après une course solitaire?
Pascal Pavageau a-t-il eu l’illusion qu’il pourrait diriger seul son organisation, sans collégialité et sans partage? Les conditions de sa passation avec Jean-Claude Mailly, et le durcissement manifeste de la ligne politique du syndicat laissent en tout cas à penser qu’il a eu et qu’il a toujours l’intention de porter une rupture forte au sein de son organisation.
Si l’on songe au poids de FO au sein de la fonction publique (troisième syndicat représentant entre 15 et 20% des fonctionnaires), cette échappée solitaire a dû en effrayer plus d’un. Au sein du gouvernement, les positions radicalisées de Pavageau, sur la réforme des retraites par exemple, ont probablement été perçues comme des menaces directes.
Dans sa fièvre obsidionale, Pavageau a construit une alliance de fait contre lui, de bric et de broc, mais manifestement dotée d’une capacité de nuisance.
Les prochaines étapes pour Pavageau
Dans l’immédiat, la semaine de Pascal Pavageau devrait être semée d’embûches. Ce lundi, le secrétaire général a “séché” le bureau confédéral, ainsi que quatre autres membres. Ce mardi, il devrait déclarer forfait à un meeting prévu à Toulouse. Ce mercredi, il devrait aussi se faire porter pâle à la commision exécutive, qui est le vrai réacteur nucléaire politique du syndicat.
Il se murmure que cette commission pourrait convoquer une CCN pour destituer Pascal Pavageau.
Plusieurs responsables, dont Laurent Berger de la CFDT, ont d’ores et déjà appelé Pascal Pavageau à démissionner.
