Patrick Drahi a proposé, ce week-end, de racheter Bouygues Télécom pour 10 milliards d’euros. En cas de rachat, les salariés de Bouygues Télécom pourraient avoir des raisons de craindre pour leur avenir. En effet, les précédents rachats de M. Drahi ont plutôt entrainé des politiques de réductions des coûts.
Chez SFR Drahi mène une politique économique au détriment des salariés
Patrick Drahi a commencé ses premiers grands rachats avec celui de Numéricable, grâce à son fonds d’investissement, Altice. Au début de l’année 2014, le groupe Vivendi qui possédait la filiale télécom SFR annonce sa mise en vente. Deux investisseurs sont intéressés, Bouygues Télécom et le fonds d’investissement Altice de Patrick Drahi. Finalement, ce dernier obtient la vente.
Depuis ce rachat, les revendications fusent. Patrick Drahi souhaite faire des économies, par le biais de coupes dans les dépenses de fonctionnement. Les fournisseurs de SFR sont les premiers à exprimer leur mécontentement : la politique économique de Patrick Drahi est sans concession. Les tarifs des fournisseurs sont revus à la baisse, des contrats sont rompus arbitrairement et sans préavis. Les différents secteurs de la filiale sont surveillés étroitement, aucun centime ne doit être perdu.
Même si les effectifs ne sont pas touchés directement pour l’instant, les salariés ont ressenti le changement de direction. La politique est beaucoup plus stricte, le stress s’intensifie et les risques psycho-sociaux augmentent. Même si Patrick Drahi annonce de nouveaux investissements, les employés continuent d’exprimer leur mécontentement. Des enquêtes ont même été lancées pour étudier les conditions de travail dénoncées par les salariés. Ces derniers attendent des avancées sociales qui ne semblent pas venir et Patrick Drahi regarde ailleurs pour un nouvel investissement.
Libération à Drahi : “Nous sommes un journal” et pas seulement un investissement
En 2014, Patrick Drahi sauve le journal Libération de la faillite. Il investit 18 millions d’euros pour le quotidien, avec d’autres investisseurs, dont Bruno Ledoux, président du conseil de surveillance de Libération. Avant l’intervention de Patrick Dahi, le personnel du quotidien réclamait le départ de son directeur de la rédaction, Nicolas Demorand. Après une grève de 24 heures, le 6 février 2014, la direction du journal cédait aux revendications. C’est finalement grâce aux investissements de Patrick Drahi, et d’autres investisseurs qui sauvent Libération.
Cependant, les journalistes se sentent rapidement piégés par les actionnaires. Après avoir réussi à se séparer d’une direction qui ne leur convenait pas, les salariés ont dû se confronter à un nouvel enjeu : garder leurs idées et maintenir leur journal. Le rachat est ressenti comme un danger pour la rédaction du quotidien. Bruno Ledoux, l’un des actionnaireset partenaire de Patrick Drahi, a pour projet de créer un réseau social autour de Libération. Les journalistes protestent : Libération est un journal, non pas un café. Les salariés se mobilisent contre cette idée de réseau social. Le mouvement est alors lancé, les journalistes mettent en Une “Nous sommes un journal”.
En juin 2015, le projet de réseau social n’en est plus un, mais les actionnaires continuent de développer la version numérique du journal. Même si l’aspect réseau social n’a pas été davantage exploré, le journal est dorénavant disponible en ligne intégralement. Après un fort rejet, les projets de la direction semblent toujours finir par voir le jour. Les journalistes semblent résignés et soumis à la loi budgétaire de leurs actionnaires, peu importe les protestations qui ont pu avoir lieu en février 2014.
Patrick Drahi poursuit ses rachats : L’Express
En janvier 2015, Patrick Drahi continue sa course aux investissements. Il obtient un accord avec le groupe belge Roularta qui possède une grande partie de la presse française. Du moins, il en possédait une grande partie, puisque l’entrepreneur a obtenu les plus grands magazines français tels que L’Express, Studio Ciné Live, Lire, Classica et Pianiste.
A l’annonce de ces rachats, les personnels de ces médias ont exprimé leur peur. Après les bruits causés par le rachat de Libération, les journaux se sentent menacés. Les salariés voient leurs emplois menacés par ce changement de direction : ils craignent que les lignes éditoriales ne soient modifiées par Patrick Drahi qui n’est pas un journaliste bien qu’il détienne plusieurs organes de presse. Les journalistes s’élèvent contre cette emprise d’un actionnaire sur une rédaction. Les fonds apportés par l’entrepreneur ont permis de sauver des journaux, comme Libération, mais les salariés craignent que cela ne dénatureles rédactions.
Les journalistes de l’Express s’opposent aux rachats, car ils savent qu’ils s’accompagnent de politiques économiques plus strictes. En effet, à chaque rachat, Patrick Drahi monte des plans pour relancer la société qu’il a achetée afin de rembourser en partie l’investissement et pour ensuite faire du profit. Les salariés sont dépendants, ils ont besoin de cet argent pour maintenir leurs emplois, mais dans quelles conditions et à quel prix ?