Nouvelles règles de transparence financière pour les comités d’entreprise

Cet article provient du site de la CFDT.

À compter de l’exercice 2015, tous les comités d’entreprise doivent respecter de nouvelles obligations légales en matière de transparence financière. Les décrets viennent de paraître au Journal officiel. 

 

Deux décrets parus le 29 mars au Journal officiel, l’un sur les comptes, le second sur leur transparence, traduisent les nouvelles obligations des comités d’entreprise issues de la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale. C’est l’aboutissement d’une longue marche vers la transparence financière dont la première pierre a été posée avec la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale, qui impose aux organisations (confédérations, fédérations, unions régionales et syndicats) la publication et, au-delà de 230 000 euros, la certification de leurs comptes. Avec les nouvelles règles de financement des organisations syndicales, les obligations entrées en vigueur au 1er janvier pour les comités d’entreprise viennent parachever un édifice que la CFDT a largement contribué à construire. 

Une opportunité syndicale 

« La transparence financière est un enjeu et une opportunité à la fois pour le comité d’entreprise et pour la section syndicale », explique Sophie Légeron, du service financier de la Confédération, intervenue alternativement avec le trésorier confédéral adjoint Thierry Bettencourt, lors d’une des sessions de formation organisées pour les élus par l’union régionale interprofessionnelle des Pays de la Loire, visant à souligner les bonnes pratiques qui découlent de ces nouvelles règles. 

À la satisfaction de la CFDT, la publication des comptes du comité d’entreprise contribue à la lisibilité du rôle de l’instance. Les comptes devront faire apparaître les deux budgets, « distincts et non fongibles, qui sont la marque des attributions du CE », insiste Sophie Legeron : la subvention de fonctionnement et celle – facultative – pour les activités sociales et culturelles (ASC). Le premier, institué par les lois Auroux en 1982, est égal à 0,2% de la masse salariale et finance, outre le fonctionnement administratif du CE, ses attributions économiques. Si ce rôle est moins populaire auprès des salariés que les ASC, il n’en est pas moins primordial. « C’est un rôle politique de représentation des salariés face à l’employeur sur des domaines définis par le code du travail et renforcé par la loi de sécurisation de l’emploi : situation économique de l’entreprise, orientations stratégiques, consultation sur les évènements ayant un impact sur la marche de l’entreprise, etc. », rappelle Sophie Legeron. Quant au budget des ASC, « il est considéré comme du salaire différé. Les salariés confient donc une partie de leur salaire au comité d’entreprise ; il est normal que l’on leur rende des comptes sur son utilisation ». 

Le rôle du collectif 

Et parce que « rendre des comptes à ceux qui nous ont élus est un acte de démocratie », qui crédibilise qui plus est les organisations syndicales, les nouvelles obligations ne se limitent pas à leur seule présentation formelle (bilan, compte de résultat et annexes). Un rapport de gestion permet une approche qualitative de l’utilisation des ressources et de l’action des élus. 

Autre avancée, les nouvelles règles permettent de réaffirmer le caractère collectif de la gestion du comité d’entreprise. Certes, la CFDT a poussé pour la reconnaissance de la fonction et du rôle du trésorier du comité d’entreprise ou du comité central d’entreprise, qui devra être obligatoirement désigné parmi les membres titulaires de l’instance. Mais, souligne Alain Blanchard, chargé de mission à la CFDT Pays de la Loire, « cette responsabilité du trésorier doit s’appuyer sur un collectif » : « Ce n’est pas le trésorier qui décide. Toute dépense du CE doit faire l’objet d’un vote du CE. La première réunion doit permettre d’établir le règlement intérieur et le budget prévisionnel. » Le règlement intérieur, désormais obligatoire, doit prévoir les modalités d’arrêté des comptes et détermine qui arrête les comptes parmi les membres du CE, avant leur approbation lors d’une séance plénière dédiée. « Le budget prévisionnel n’est pas obligatoire légalement, mais c’est un impératif. C’est l’occasion de parler de ses choix politiques. Ça permet de vérifier qu’on est dans les clous du mandat et cela donne un pouvoir de contrôle sur ce qui est fait. En fixant les grandes lignes de ce que le trésorier et les élus peuvent faire, le budget prévisionnel les protège. » 

Des choix stratégiques 

Ces choix doivent évidemment avoir préalablement été débattus en section syndicale : « Les finances sont au service des choix politiques de la section et jamais l’inverse », insiste Sophie Légeron. Ils constituent aussi une garantie, lorsque l’on est minoritaire au CE, de pouvoir dire pour quelles raisons on désapprouve, le cas échéant, la gestion de celui-ci. Et Alain Blanchard de conclure : « Que l’on soit un petit CE ou un gros, minoritaire ou majoritaire, les situations ne sont pas les mêmes et les stratégies divergent. Mais dans tous les cas, les nouvelles règles interrogent nos pratiques syndicales et soulèvent des questions politiques qui doivent être débattues et décidées en section. » 

 

A retenir : 

Trois seuils et de nouvelles obligations  

Tous les comités d’entreprise doivent désigner un trésorier parmi les membres titulaires (si le trésorier est actuellement suppléant, il peut le rester jusqu’aux prochaines élections). Un règlement intérieur est obligatoirement adopté, qui définit les modalités de fonctionnement du comité d’entreprise, qui arrête et approuve les comptes, le cas échéant les modalités de fonctionnement de la commission des marchés. Les nouvelles règles comptables sont quant à elles plus ou moins contraignantes selon les ressources du comité d’entreprise – budgets de fonctionnement et des activités sociales et culturelles (ASC) confondus, une fois la participation des salariés soustraite. 

– Les CE dont le budget total n’excède pas 153 000 euros (qui représentent 80% des CE) sont soumis à une comptabilité « ultra-simplifiée » (livre de recettes-dépenses et état de synthèse). Le trésorier peut se faire aider d’un expert-comptable. 

– Les CE « dont les ressources excèdent 153 000 euros et qui ne remplissent pas au moins deux des trois critères suivants (50 salariés du CE en équivalent temps plein, plus d’1,55 million d’euros de bilan et de 3,1 millions d’euros de ressources) » relèvent d’une comptabilité simplifiée. Ils ont obligation de faire présenter leurs comptes annuels par un expert-comptable, un rôle d’audit inédit ; 

– Les CE « remplissant au moins deux des trois critères » précités sont soumis à une « comptabilité de droit commun ». Dès 2016, ils devront faire certifier leurs comptes par un commissaire aux comptes, qui dispose d’un droit d’alerte en cas d’anomalie constatée (il est pénalement responsable s’il n’en a pas fait usage). Ces CE doivent également mettre en place une commission des marchés, chargée de choisir les prestataires du CE sur la base des critères définis par celui-ci (qui peuvent donc favoriser le mieux-disant social et/ou environnemental). 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...