Il y a un peu plus d’un mois, alors que venaient de s’achever les négociations relatives à la refonte des deux conventions collectives nationales des ouvriers du bâtiment : ouvriers des entreprises de dix salariés et moins et ouvriers des entreprises de plus dix salariés, Tripalio proposait à ses lecteurs une analyse des principales évolutions contenues dans les deux nouvelles CCN. Quelques précisions peuvent aujourd’hui être apportées à cette analyse à chaud.
La branche verrouille
Contrairement aux premières informations qui nous avaient été données, les négociateurs du bâtiment ont convenu, conformément à la possibilité que leur offraient les ordonnances Travail, de verrouiller certains thèmes de négociation au niveau de la branche. La CFDT du secteur précise ces thèmes : il s’agit des primes liées aux conditions de travail, c’est-à-dire les primes pour travaux insalubres ou dangereux, de la prévention des risques professionnels et de la pénibilité, de l’insertion professionnelle des personnes handicapées et de la valorisation des parcours syndicaux. La CFDT se félicite de ces avancées, estimant qu’elles réduisent le risque de “dumping social en entreprise”. La CFDT précise par ailleurs que la disparition des 40 conventions collectives territoriales ne signifie pas la fin des négociations salariales territoriales.
Bataille sur les déplacements
Confirmant les informations que nous avions avancées au sujet des frais de déplacement, qui seront désormais calculés non plus sur la base d’une distance mesurée “à vol d’oiseau” entre le siège de l’entreprise et le lieu du chantier mais de la distance réelle entre ces deux lieux, la CFDT tient à préciser que ce changement favorable aux salariés a résulté d’un débat tendu entre partenaires sociaux. A l’origine, fin 2016, cet enjeu a constitué une condition sine qua none de la participation de la CFDT à la négociation de restructuration conventionnelle. Puis, en septembre 2017, après plusieurs mois de discussions et des avancées dans d’autres domaines, les représentants patronaux de la FFB et de la Capeb avaient entrepris de revenir sur leur promesse de remettre à plat les indemnités de déplacement. Ce ne fut qu’après une protestation syndicale unitaire que les discussions sur ce sujet ont pu reprendre puis aboutir.
Réduire la sinistralité
Enfin, en lien avec l’enjeu des déplacements, la CFDT met l’accent sur le fait que les représentants des salariés entendaient pousser le patronat à agir sur la question de la sinistralité dans la branche. “Les accidents de la route constituent la deuxième cause de sinistralité dans la branche. Il fallait agir ! Or, l’une des causes essentielles de ces accidents, c’est l’amplitude de travail. Si le salarié se lève tôt pour se rendre sur un chantier situé à plus de 50 kilomètres de chez lui, comme ceci est fréquent, qu’il accomplit sa journée de travail et qu’il rentre le soir, le risque d’accident devient important” explique un représentant cédétiste. Si la proposition de la CFDT d’un temps de conduite maximale d’une heure trente afin d’accéder au chantier n’a pas été retenue, un accord paritaire a néanmoins fini par émerger : dorénavant, l’amplitude de travail des salariés sera “régulée”. Les principaux intéressés apprécieront.
Tout comme Pro-BTP , d’ailleurs. Puisqu’il est question de Pro-BTP, nous précisons à nos lecteurs que nous leur proposerons très prochainement un article relatif à la négociation prévoyance qui vient de se tenir dans le bâtiment.