Comme ceci était prévisible, les partenaires sociaux, qui se sont retrouvés hier pour une nouvelle séance de négociation sur l’assurance chômage, n’ont pas réussi à s’accorder sur la création d’un système de bonus-malus sur les contrats courts.
Le Medef, qui n’en veut décidément pas, entend proposer prochainement un dispositif alternatif devant permettre, lui aussi, de lutter contre la précarité de certains salariés. En vain ?
Le Medef dans le mou
A la lecture des divers comptes-rendus des discussions qui ont pu avoir lieu hier entre les partenaires sociaux au sujet de l’avenir de l’assurance chômage, on en vient rapidement à se demander comment ils ont bien pu faire pour demeurer toute une journée autour de la table. Il apparaît en effet qu’ils n’ont, finalement, aucunement discuté, sur le fond, de ce qu’ils étaient censés aborder, à savoir l’institution d’un bonus-malus sur les contrats courts – destiné à limiter le recours des entreprises à ces contrats considérés comme précaires.
En lieu et place de ces échanges de fond, que le Medef refuse absolument de nourrir, Hubert Mongon, le négociateur patronal en chef, a proposé de réfléchir à des solutions alternatives et a promis de les présenter en détail lors de la réunion du 22 janvier prochain. Se doutant bien que ces quelques éléments ne suffiraient pas à convaincre les syndicats de salariés, y compris les plus modérés, M. Mongon a évoqué quelques pistes de travail, comme la tenue de négociations de branches sur l’emploi ou le passage facilité en CDI pour des salariés ayant enchaîné plusieurs CDD dans une même entreprise.
Le paritarisme au chômage technique ?
Dans ces conditions, on ne s’étonnera guère des commentaires quelque peu dubitatifs des négociateurs représentant les organisations salariales. Citée par le Figaro, Marylise Léon, pour la CFDT, ne cachait pas ses doutes à l’issue de la réunion : “C’est très gazeux mais on ne ferme pas la porte”. Michel Beaugas (FO), affichait pour sa part la même prudence : “On regardera et je verrai si ces propositions sont bien alternatives à la fin des discussions”. Il fallait tout l’enthousiasme d’Hubert Mongon pour faire oublier ces craintes syndicales : “Aujourd’hui, cette réunion était un moment extrêmement fondateur pour avancer sur le projet”.
En réalité, dans l’état actuel des choses, on voit mal comment, le 22 janvier prochain, le Medef pourrait présenter aux syndicats de salariés un projet alternatif au bonus-malus qui soit susceptible de leur convenir. La partie du Medef est d’ailleurs très serrée. Si, il y a quelques mois encore, il pouvait miser sur une attitude compréhensive de l’Elysée en cas d’accord paritaire peu contraignant en matière de lutte contre la précarité des salariés, le mouvement des “gilets jaunes” étant passé par là, une telle attitude est désormais bien moins probable. Et les syndicats l’ont bien évidemment compris.
Après la réunion d’hier, l’éventualité d’une reprise en main de l’Unédic par le gouvernement a gagné en probabilité.