Le gouvernement ayant prévu d’envoyer aux partenaires sociaux, vers le 20 septembre, sa lettre de cadrage de la prochaine négociation paritaire sur l’assurance chômage, les esprits commencent à s’échauffer du côté des destinataires de ladite lettre. Divisés face aux projets gouvernementaux, les dirigeants des organisations patronales et salariales préparent le terrain à une probable débandade paritaire.
Des options fort divergentes
C’est peu dire que les partenaires sociaux n’abordent pas de la même manière la négociation chômage à venir. Le Medef, d’une part, entend remettre à plat en profondeur l’organisation institutionnelle actuelle de l’assurance chômage, en la dualisant : un premier étage, étatisé, verserait une allocation forfaitaire, tandis qu’un second étage, paritaire, gèrerait un régime assurantiel. Pour l’heure, cette orientation n’a reçu le soutien d’aucun syndicat de salariés. Autrement dit, la principale proposition patronale ne semble guère séduire les partenaires salariaux traditionnels du Medef, CFDT en tête. Du côté des organisations salariales, on insiste plutôt lourdement sur la nécessité d’instaurer un bonus–malus sur les contrats courts, principe que refuse catégoriquement le patronat. En somme : aucun sujet d’accord n’émerge a priori entre les partenaires sociaux.
Sauver les apparences
Contre cette évidence, Pascal Pavageau, le secrétaire général de la CGT-FO, a pourtant tenu, lors d’une conférence de presse qu’il a donnée lundi dernier, à saluer la vigueur du lien paritaire qui unit les dirigeants patronaux et salariaux. “Nous nous sommes mis d’accord [par téléphone, ndlr] pour que le jour où la lettre sort, indépendamment des positions de chacun, on s’appelle au préalable avant d’afficher nos positions respectives” s’est-il en effet félicité. Il s’est même permis d’enfoncer le clou en affirmant que les partenaires sociaux pourraient bien être capables de prendre des décisions autonomes : “Le fait de savoir qu’éventuellement on est nombreux à faire la même analyse sur le sujet peut nous permettre de dégager une piste intermédiaire en matière de réponse au moment de la sortie de cette lettre”.
L’Etat sur du velours
Bien conscient, toutefois, que la placée réservée au fait paritaire est moins assurée que ne le laissent penser ses propos enthousiastes, M. Pavageau a bien dû reconnaître que la négociation risquait en réalité d’être très compliquée. “La proposition du Medef rejoint celle du gouvernement : étatisation et débrouille-toi tout seul avec les assurances privées” a-t-il ainsi dénoncé, affirmant : “On ne s’inscrira pas dans une négociation si c’est ça”. Force est de reconnaître que dans une configuration où les “partenaires sociaux” ne sont pas du tout d’accord entre eux sur la manière de réformer l’assurance chômage, les propositions du chef de l’Etat ont toutes les chances de l’emporter. S’il n’est, certes, pas évident qu’elles conviendront tout à fait au Medef, il est en tout cas indiscutable qu’elles ont toutes les chances de porter un coup sérieux au paritarisme.