Alors que la journée de mobilisation sociale organisée le 22 mars dernier contre les réformes annoncées par le gouvernement de la SNCF et de la fonction publique a plutôt été une réussite, la suite du mouvement apparaît bien incertaine. Si la CGT a prévu de descendre dans la rue le 19 avril prochain, Laurent Berger (CFDT) fait preuve d’un calme qui n’étonne guère et Jean-Claude Mailly (FO) a opposé un refus dédaigneux à la proposition cégétiste.
Philippe Martinez le boutefeu
Avant même la journée du 22 mars, sûr et certain que la mobilisation allait être importante, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, avait convié les organisations salariales et de jeunesse à une réunion, le 19 mars, afin de décider des suites à donner au mouvement. Solidaires, la FSU et certaines organisations de jeunesse s’y étaient rendus. L’éventualité d’une nouvelle date de mobilisation, fixée un mois plus tard, avait alors été évoquée. S’appuyant sur cette affaire rondement menée, dès la soirée du 22 mars, M. Martinez avait proposé une nouvelle date d’action pour le 19 avril prochain. Il était question d’oeuvrer à la “convergence des luttes” afin de défendre le “pouvoir d’achat”, “l’emploi et la protection sociale” et enfin “les services publics et les droits collectifs”. Philippe Martinez prenait la tête de la contestation contre la politique de M. Macron.
Laurent Berger peu convergent
Saisi par cet air du temps qui est à la mobilisation générale, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, ne fait pas vraiment preuve d’un enthousiasme débordant. Commentant les envies cégétistes de convergence des luttes, il a jugé qu’elles n’étaient pas pertinentes. “La convergence des luttes, ce n’est pas la tasse de thé de la CFDT, pour une raison simple, c’est que la convergence des luttes, elle ne permet jamais d’avoir des résultats concrets”. Chacun chez soi, et les moutons seront bien gardés. On peut raisonnablement conclure de ce propos que Laurent Berger, qui n’a pas appelé à la journée du 22 mars, ne le fera pas plus dans le cas du 19 avril prochain.
Jean-Claude Mailly mauvais esprit
Jean-Claude Mailly, patron de FO sur le départ, n’a pas jugé bon de prendre autant de pincettes que Laurent Berger afin de signifier son refus de participer à la journée du 19 avril. Interrogé hier sur Public Sénat, M. Mailly a tout d’abord estimé que la CGT ne réussirait probablement pas à atteindre son objectif de convergence des luttes : “Ce n’est pas parce qu’il y a multiples confits dans différents secteurs, et public et privé […] qu’obligatoirement ça coagule.” Bien lancé, il s’est surtout montré très réticent à l’égard de ce qu’il estime être une “convocation” de la part de la CGT : “Je ne vois pas pourquoi on irait”. Afin de motiver son refus de manière indiscutable, Jean-Claude Mailly a d’ailleurs sous-entendu que Philippe Martinez avait bien mal choisi sa date, rappelant que le congrès de FO, lors duquel il doit passer la main à Pascal Pavageau, a lieu le 23 avril. A quelques semaines de la fin de son mandat, Jean-Claude Mailly ne semble pas dans son assiette et donne le sentiment qu’il est passé à autre chose que le syndicalisme.