Louis Viannet, secrétaire général de la CGT entre 1992 et 1999, est mort dans la nuit de samedi 21 à dimanche 22 octobre. Il avait 84 ans.
Un dirigeant syndical des PTT
Né le 14 mars 1933 à Vienne, dans l’Isère, Louis Viannet grandit dans une famille ouvrière. Contrôleur des chèques postaux de profession, il est encarté dès 1953 à la fédération CGT des PTT – son père était lui-même membre de la CGT. Il gravit peu à peu les échelons de sa fédération syndicale. Secrétaire du syndicat des PTT du Rhône en 1962, il accède ensuite à des responsabilités nationales, en qualité de permanent : membre du bureau fédéral (1967), secrétaire général adjoint (1972) et enfin secrétaire général (1979) de la CGT des PTT.
Parallèlement à cet engagement syndical cégétiste, Louis Viannet milite au Parti Communiste Français (PCF). Adhérent dès 1953 à ce parti très lié à la CGT, il y occupe des responsabilités départementales à partir de 1967, au comité fédéral du Rhône. Son ascension au sein de la CGT et son ancrage désormais parisien le conduisent à intégrer le comité central du PCF en 1976.
Le secrétaire général de la CGT
La progression de Louis Viannet au sein de l’organigramme de l’importante fédération CGT des PTT favorise, rapidement, une prise de responsabilité confédérale. Membre de la commission exécutive de la CGT à partir de 1972, M. Viannet intègre le bureau confédéral de la centrale en 1982. Quittant son poste à la fédération des PTT, il devient, fonction stratégique, directeur de La vie ouvrière, l’hebdomadaire de la CGT. Au sein d’une CGT alors tenue par un Henri Krasucki mettant en scène ses ambitions de “réforme” et d’assouplissement, Louis Viannet est considéré comme un tenant de “l’orthodoxie” cégétiste.
Cette étiquette ne le quitte pas lorsqu’il prend la tête de la CGT, en 1992. “J’ai été élu avec l’étiquette du stalinien de service qui allait mettre de l’ordre dans la maison”, expliquera-t-il ainsi à l’Humanité en 1999. Ce n’est d’ailleurs pas sa détermination à combattre le plan Juppé de 1995 – principal combat syndical qu’il a dû mener durant son mandat – qui est venu contredire sa réputation.
L’émancipation vis-à-vis du PCF
L’autre fait marquant du mandat de Louis Viannet est moins spécifiquement syndical que politique. Alors que M. Viannet siège au bureau politique du PCF depuis 1982, il prend la décision de le quitter en 1996, afin de signifier publiquement la volonté de la CGT de sortir de l’orbite du PCF. Il faut dire que, sur le décin, le PCF a de moins en moins à apporter à la CGT. Louis Viannet ne rompt toutefois pas tout à fait le lien avec l’appareil communiste, puisqu’il demeure membre de son conseil national.
Cette réorientation du positionnement politique de la CGT s’accompagne d’un changement d’affiliation, tout aussi politique, au syndicalisme international. Longtemps membre important de la fédération syndicale mondiale, très liée à l’URSS, la CGT s’en désaffilie entre 1995, afin de rejoindre la confédération européenne des syndicats, d’obédience bien plus modérée.
Ces deux évolutions structurelles impulsées par Louis Viannet contrebalancent quelque peu son image de dur et de figure de proue des grèves de l’hiver 1995.