La laborieuse négociation sur la modernisation du dialogue social n’en finit pas de s’achever. Après une réunion de la “dernière chance” la semaine dernière, puis un coup de pression de l’Elysée appelant les partenaires sociaux à être “à la hauteur”, le MEDEF a programmé une ultime dernière réunion à partir de 10 heures ce jeudi. L’exercice promet d’être drôlatique, sachant qu’il bute depuis plusieurs mois sur les deux mêmes sujets: la fusion des institutions représentatives du personnel et la représentation des salariés dans les TPE.
Dans tous les cas, le MEDEF aura laissé des plumes dans cette affaire, malgré les appels de Pierre Gattaz à l’unité après les secousses sécuritaires qui ont ébranlé le pays. On peut d’ailleurs se demander si cette récupération tactique était habile.
Elle n’a pas été du goût de Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, qui a mis en cause la méthode utilisée par le MEDEF pour négocier. Il a en particulier demandé à tenir les réunions de négociation dans un lieu neutre, par exemple au Conseil Economique et Social, et il a mis en cause le recours à des réunions bilatérales interminables qui excluent certains syndicats. Comme le rapporte Challenges:
“Attendre de 18H30 vendredi soir à 6H30 samedi matin un texte qui n’arrivera pas, attendre que M. (Pierre) Gattaz (président du Medef), enfermé dans son bureau, sorte la fumée blanche, des bilatérales qui n’en finissent pas, aucune réunion multilatérale”, a-t-il énuméré.
“On ne peut plus continuer comme ça, c’est inacceptable ! C’est du discrédit, c’est un manque de respect, c’est un non respect de la liberté de négociation”, s’est-il emporté.
Il est donc très probable que cette négociation laisse des traces néfastes dans les relations entre les partenaires sociaux.
De son côté, le gouvernement semble avoir assuré qu’en cas d’échec il n’interviendrait pas pour recoller les morceaux. Concrètement, le mouvement patronal pourrait donc laisser passer une chance historique de réformer le dialogue social d’entreprise. En tout cas, cette affirmation de “non-arbitrage” redonne une chance à la négociation et à son esprit. Les partenaires sociaux français ont en effet coutume de négocier leurs textes en connaissant les arrière-pensées de l’Etat.
Rien ne prouve que la négociation aboutira cette fois. Un échec constituerait toutefois une contre-performance pour Alexandre Saubot, probable candidat à la présidence de l’UIMM en mars, et chef de file de la négociation aujourd’hui.