La médecine paraît plus divisée que jamais. Après la question de l’homéopathie, c’est une déclaration du Doyen des doyens des facs de médecine qui met le feu aux poudres. Il accuse les jeunes générations de contribuer à la multiplication des déserts médicaux.
Après 4 ans à travailler 20h/semaine à 1€ de l'heure, et 5 ans à faire le boulot d'un BAC+10, 80h/semaine pour la moitié du SMIC-horaire, je veux bien faire les comptes avec l'Etat français.
Sans rire, Pr Sibilia, on fait les comptes quand vous voulez ! https://t.co/jHH3K0dOs7
— Vie De Carabin (@VieDeCarabin) 5 septembre 2018
Les nouvelles générations sont-elles responsables du déclin de l’offre médicale et du maillage déficient en France ? Pour le professeur Jean Sibilia, doyen des doyens des facs de médecine, la réponse ne fait aucun doute.
Mercredi 5 septembre, lors des universités d’été de la Fédération Hospitalière de France, alors qu’il s’exprimait sur la notion de valeur à l’hôpital public, il n’a pas hésité à fustiger les nouvelles générations de médecins. D’après lui, les médecins nouvellement formés n’hésiteraient pas à mettre de côté leurs valeurs et celle de la médecine pour servir leurs propres intérêts.
« Rendre ce que l’hôpital leur a apporté »
Si sa déclaration n’a pas fait plus réagir que cela la salle, elle embrasse les réseaux sociaux. Et pour cause, le professeur dégaine plus vite que son ombre.
Par rapport à la démographie médicale, si les étudiants en médecine et les jeunes médecins avaient plus de valeurs citoyennes et républicaines et rendaient ce que l’hôpital leur a apporté, on se poserait la question de la répartition des médecins autrement.
Professeur Jean Sibilia
Sur Twitter, les témoignages de médecins en colère se multiplient.
« Si les vieux médecins et les doyens imbus avaient plus de décence, de respect et de bon sens … il n'y aurait plus de problèmes de mal être au CHU »
Tiens ça marche dans les deux sens c'est drôle ! https://t.co/8QiaEGv7rH— hugonocoque (@hugonocoque) 5 septembre 2018
Sacerdoce + "c'était mieux avant" + les jeunes sont des branleurs /mode on https://t.co/33lYdQS1Bn
— Vincent Granier (@VincentGranier) 5 septembre 2018
Donc Sibilia, doyen de la fac de médecine d'@unistra et président de @doyensmed considère que les suicides d' internes participent du coût humain des études médicales, mais qu'en plus les internes devraient remercier et aller exercer gaiement la médecine au fin fond de la France
— Florian Zores (@FZores) 5 septembre 2018
Ce n’est pas la première que le professeur Sibilia s’en prend aux nouvelles générations de médecins. En février dernier, alors qu’un étudiant en médecine s’était suicidé du fait de la pression constante, le patron des doyens avait conclu que « les suicides réels étaient très très rares. »
Les étudiants ont des idées noires et des difficultés mais je ne suis pas certain du tout que ce soit spécifique aux étudiants en médecine. Je crois que c’est l’expression de notre société, l’expression d’un mal-être plus global. Alors il ne faut jamais être dans le déni, mais il faut être juste, ne pas être dans l’instrumentalisation. Il y a intrinsèquement dans le métier de médecin quelque chose qui est stressant, mais ça n’a rien à voir avec l’organisation structurelle du système.
Professeur Jean Sibilia
L’Ordre des médecins obligé de réagir
Dans un contexte sanitaire difficile en France actuellement, l’homéopathie continuant aussi de diviser la profession, les médecins paraissent plus divisés que jamais.
Ainsi, jeudi, le Conseil national de l’Ordre des médecins a publié un communiqué pour exprimer son « soutien et sa confiance aux jeunes médecins.«
[COMMUNIQUE] L'Ordre des médecins exprime son soutien et sa confiance absolue aux jeunes médecins pic.twitter.com/GAcTskktzY
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) 6 septembre 2018