C’est vrai qu’il est un peu facile de se moquer de Marisol Touraine, qui ne ménage ni son temps ni sa peine au service du petit capitaine de pédalo François Hollande, et de sa grande oeuvre planificatrice que les nostalgiques de l’Union Soviétique nous envient. Mais enfin… sa soumission aveugle aux technocrates de la direction de la sécurité sociale, éléments majeurs du gouvernement profond, est si risible.
Impossible de résister à la tentation de narrer ses derniers exploits.
Ce que Marisol Touraine devrait savoir sur la santé des seniors
Beaucoup ont oublié que, l’an dernier, François Hollande avait annoncé la généralisation de la complémentaire santé aux petits vieux. Ce petit cadeau à destination de la FNMF (Fédération Nationale de la Mutualité Française) constituait un véritable casse-tête. Les seniors sont en effet les plus gros consommateurs de soins.
Ce graphique tiré d’une note de 2010 du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie le montre aisément:
On voit facilement sur ces chiffres qu’à partir de 60 ans, les dépenses annuelles de santé s’envolent, jusqu’à dépasser les 7.000 euros.
Si l’on admet que les complémentaires santé remboursent en moyenne 25% de ces dépenses, cela signifie donc que le tarif d’équilibre pour une personne de 75 ans (qui consomme environ 6.000 euros par an), se situe entre 100 et 120 euros par mois. Si l’on y ajoute des frais de gestion d’au moins 10%, on sait qu’une complémentaire santé à 75 ans ne peut être facturée à moins de 130 euros par mois sans mettre l’assureur en difficulté financière.
Marisol Touraine version Lada de la santé
Malgré ces évidences mathématiquement incontestables, la direction de la sécurité sociale a demandé à Marisol Touraine de prêter son nom à un décret mis en consultation avant sa parution. Celui-ci devrait encadrer les tarifs autorisés pour les complémentaires santé. Voici ce qu’il prévoit:
Comme le texte l’indique en page 2, le tarif applicable pour les personnes de 75 à 79 ans ne pourra dépasser les 103 euros. Le prix de la formule d’appel est fixé à 67 euros, soit moitié moins que le tarif technique.Précisons que ce tarif inclut une prise en charge du forfait journalier hospitalier sans limitation de durée.Bref, les tarifs sont fixés beaucoup trop bas pour des prestations insoutenables. C’est le principe de la Lada: vous concurrencerez les voitures occidentales en ne dépassant pas un prix de vente ridiculement bas…On connaît la suite.
Marisol Touraine veut tuer les complémentaires santé
Ce genre d’approche totalement soviétique devrait avoir un effet rapide. D’une part les bons assureurs, ceux qui sont sérieux, ne candidateront pas ou plus pour assurer les séniors. D’autre part, les candidats à ce système de label connaîtront dans les dix-huit mois des difficultés financières majeures sur les contrats qu’ils auront placés.
Bref, Marisol Touraine organise le marasme du marché par une logique d’économie dirigée. Sa réforme, voulue par le brillant François Hollande, raréfiera l’offre d’assurance santé pour les plus anciens. Et ceux qui parviendront à s’assurer auront droit à un service dégradé.
Marisol Touraine continue la blague avec les dentistes
Parallèlement, la direction de la sécurité sociale a demandé à Marisol de signer une instruction au directeur général de la caisse d’assurance maladie, Nicolas Revel, tout aussi finaude. La ministre s’est exécutée sans manifestement comprendre de quoi il retournait.
Dans la pratique, Marisol Touraine demande au directeur général de l’assurance maladie de négocier une baisse des dépassements d’honoraires des dentistes en 2017. Pour ce faire, elle revalorisera les tarifs des actes habituels, histoire de dissuader les dentistes de dépasser les plafonds de la sécurité sociale. Elle veut aussi mieux répartir les dentistes sur le territoire.
Bref, pour éviter les dépassements d’honoraires, on augmente les prix de tout le monde, donc les remboursements globaux. Et on commence à administrer la carte des médecins.
La santé dirigée version soviétique
Progressivement, la France glisse vers un système de santé totalement administré et dirigé depuis Paris. Les tarifs, les installations, les garanties des contrats complémentaires, sont totalement imposés par la direction de la sécurité sociale.
L’organisation des soins en France se transforme en une immense administration.
L’étatisation de la santé, une mort lente programmée
Doit-on rappeler ici le courrier récemment rédigé par un jeune médecin breton. Celui-ci avait épinglé les charges administratives trop lourdes qui pesaient sur les médecins libéraux. Loin d’en tirer des conséquences intelligentes, la direction de la sécurité sociale continue à empiler les dispositifs bureaucratiques.
Peu à peu, c’est la médecine de ville qui meurt sous les paperasses. Et les déserts médicaux qu’on organise. Probablement à l’insu de la ministre elle-même.