Malheurs paritaires : le DG du Medef du Tarn et la caisse de la médecine du travail

Alors que le Président de la République semble bien décidé à reprendre le contrôle d’un certain nombre d’institutions liées au paritarisme, certains responsables issus de ce petit monde syndical ont tout l’air de vouloir lui donner des raisons d’accélérer la cadence. Ainsi, le délégué général du Medef du Tarn aurait amélioré l’ordinaire de son entreprise avec les comptes de la médecine du travail locale. 

140 000 euros détournés

C’est un contrôle interne réalisé récemment qui l’a révélé. Durant ces derniers mois, Guy Audu, l’ancien président de la médecine du travail du Tarn au nom du Medef, aurait encaissé trois chèques au nom de l’une de ses sociétés, Soprekit, et émis par ladite association de médecine du travail, pour un montant total de 140 000 euros. Tout le monde reconnaîtra que la somme est rondelette. Surtout, il faut croire qu’elle ne correspondrait, en contrepartie, à aucune prestation de travaux électriques – puisqu’il s’agit de l’activité de l’entreprise en question. C’est, du moins, ce qu’ont estimé les administrateurs de l’association qui, lors d’un CA extraordinaire organisé vendredi dernier, ont accepté la démission de M. Audu – précisons qu’à l’origine, ils entendaient le démettre de ses fonctions. 

“Quelqu’un de très rigoureux”

Relevée par la presse locale, l’affaire apparaît à peine croyable aux yeux d’un certain nombre de protagonistes. Citée par Lejournaldici, une source anonyme s’étonne ainsi de ce qu’un homme si rigoureux, qui a “sauvé la Médecin du travail tarnaise, qui était très mal en point”, ait pu s’adonner à de tels méfaits : “C’est quelqu’un de très rigoureux, de très compétent, personne n’aurait imaginé cela”. Interrogé par France 3 Occitanie, Jean-Hugues Pauzié, nouveau président CPME par intérim de l’association, ne dit pas autre chose : “Nous sommes surpris de ce qui se passe. D’autant plus surpris que nous n’avions rien à reprocher à Guy Audu. Bien au contraire. Il était rigoureux et a beaucoup contribué à la réussite de la médecine du travail. C’est désespérant. Il nous a menti de A à Z.” 

La loi… et le reste

Tout à fait sidérés par ce qu’ils estiment être une trahison, les responsables de la médecine du travail du Tarn ont décidé de porter l’affaire devant la justice. Ils auraient en effet dans l’idée de porter plainte, dès demain, auprès du parquet d’Albi, pour détournement de fonds. C’est, certes, le moins qu’ils puissent faire. Cette réaction légitime étant posée, il n’en demeure pas moins que la surprise affichée par les dirigeants de l’association en vient à poser la question, sur le fond, de leur capacité à remplir effectivement leur mission d’administrateur. Leur malhonnêteté étant, dans l’état actuel des choses, exclue, leur naïveté est en revanche pour le moins étonnante. Elle vient en réalité témoigner des confusions de genres qui passent trop facilement pour acceptables dans les mondes syndicaux. 

De nombreuses casquettes

Sans nul doute très compétent et rigoureux, M. Guy Audu est, en tout cas, un homme très occupé. Les deux articles de la presse locale qui lui sont consacrés nous enseignent, d’une part, qu’il est un chef d’entreprise à la tête d’au moins deux sociétés : la désormais fameuse Soprekit, mais également Tarn Capital Investissement – en réalité, M. Audu dirige d’autres sociétés encore. Ces fonctions n’ont rien d’étrange. En revanche, il est très singulier de noter que M. Audu est également le chef des services du Medef tarnais – soit, sauf cas exceptionnel, un poste rémunéré. A tout ceci s’ajoutait donc un rôle paritaire actif. Les casquettes se multipliant, la tête de Guy Audu a-t-elle fini par tourner ? Ceci ne serait ni la première ni, hélas, la dernière fois. Ainsi va le paritarisme “à la française”. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...