Emmanuel Macron veut réformer la gouvernance des entreprises et tout laisse à penser que cette réforme sera douloureuse et compliquée. C’est ce qui ressort de son incertaine interview à TF1 hier soir.
Les commentaires à l’issue de l’incertaine interview d’Emmanuel Macron sur TF1 se consacrent beaucoup au pronostic sur la force de conviction qui a animé le président. Dans la pratique, l’exercice a surtout consisté à s’adresser directement aux Français pour expliquer les réformes en cours. Peu de choses nouvelles étaient donc à attendre de ce moment.
Pourtant, au-delà de l’exercice pédagogique, Emmanuel Macron s’est risqué à faire une annonce majeure: il réformera dans les prochains mois la gouvernance des entreprises, et tout particulièrement l’intéressement et la participation. Les entrepreneurs ont tout intérêt à suivre ce dossier de près.
Quelle réforme de l’intéressement et de la participation ?
Selon les propos du Président, les entreprises doivent apprendre à mieux intéresser les salariés “lorsque ça va mieux”. Le projet est assez bien connu: le gouvernement, en accord avec la CFDT d’ailleurs, devrait compenser l’effet “droitiste” des ordonnances par des mesures “gauchières” sur la participation des salariés à la vie de l’entreprise.
Par une étrange erreur d’interprétation, beaucoup de commentateurs pensent que cette réforme se limitera à améliorer l’intéressement des salariés aux résultats de l’entreprise. Il est très probable qu’effectivement le gouvernement ait l’intention de généraliser le principe de l’accord d’intéressement à toutes les entreprises.
Vers une victoire des managers dans la gouvernance des entreprises ?
La philosophie générale de ces réformes est aussi bien connue. Elle consiste à renforcer la place des managers dans la direction du capitalisme français, au détriment des entrepreneurs. On retrouve ici la filiation sociale d’Emmanuel Macron, haut fonctionnaire très éloigné de la création d’entreprises.
Dans la pratique, ses idées devraient conduire à une évolution en profondeur de la conduite des entreprises françaises. Si l’on se souvient que le gouvernement procède cette année à l’abrogation des allègements fiscaux en raison des durée de détention des actions (ce qui frappe lourdement les salariés bénéficiaires de détention d’actions gratuites), on peut craindre le pire.
Un cadeau à la CFDT ?
Dans ce dossier, on comprend qu’Emmanuel Macron cherche à renouer le lien avec la précieuse CFDT. Laurent Berger avait trouvé les ordonnances décevantes. Il devrait se “rattraper” sur les mesures à venir.
Celles-ci seront probablement négociées avec les partenaires sociaux. Pour les entrepreneurs, cette opération va se révéler très risquée…