L’Uberisation accentuerait les risques liés à la santé

Cet article a été publié sur le site du syndicat de salariés FO

 

Dans une étude publiée le 12 janvier 2018, l’INRS s’est penchée sur les conséquences possibles de « l’ubérisation » de l’économie sur la santé et la sécurité des travailleurs. L’institut encourage les plateformes internet à s’engager dans une démarche de prévention des risques. 

Les travailleurs recrutés par les plateformes internet ne sont pas salariés, ils ne sont pas protégés et sont particulièrement exposés, souligne Ronald Schouller, président de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) et secrétaire fédéral pour la FGTA-FO. 

L’institut a rendu publique, le 12 janvier, une étude réalisée avec différents partenaires, sur les conséquences de l’ubérisation en santé et sécurité au travail. Elle est basée sur un exercice de prospective sur les dix ans à venir. 

200 000 salariés employés par les plateformes

Actuellement, près de 200 000 travailleurs sont employés par ces plateformes, qui mettent en relation des clients et des prestataires de service. Les livreurs à vélo ou les conducteurs sont les métiers les plus emblématiques. Mais ces nouvelles formes d’emploi sont aussi développées dans l’aide à domicile ou le second œuvre du bâtiment des secteurs qui ne sont pas anodins en termes de risques professionnels, rappelle Marc Malenfer, chargé de mission veille et perspective à l’INRS. 

L’institut s’est penché sur l’exposition des travailleurs des plateformes aux facteurs de risques psychosociaux, à travers le cas d’un livreur. En matière d’intensité et de temps de travail, le rythme est imposé par une intelligence artificielle, laissant peu de marges de manœuvre. La rémunération à la tâche incite à enchaîner les livraisons. Le travail est fragmenté, pouvant entraîner une perte de sens. 

Par ailleurs, les heures les plus rémunératrices sont souvent en horaires décalés, le soir ou le week-end. Sur le plan des exigences émotionnelles, la notation par les clients impose une attitude positive. L’étude s’inquiète aussi de l’isolement du travailleur, livré à lui-même, et qui en cas de difficulté ne peut faire appel ni à un collègue, ni à un supérieur hiérarchique. 

Insécurité de la situation de travail

Autre facteur de risques psychosociaux, l’insécurité de la situation de travail. Le travailleur est totalement dépendant des plateformes, qui peuvent modifier les conditions de travail, la rémunération ou mettre fin à la collaboration de manière unilatérale. 

L’institut constate aussi ces entreprises échappent largement au cadre réglementaire et assurantiel incitant à la prévention. L’étude explique que les règles de tarification des accidents du travail et des maladies professionnelles (AT/MP) ou le régime de la responsabilité du chef d’entreprise n’ont plus de portée lorsque le travail est effectué par des indépendants prestataires et non plus par des salariés

Améliorer l’expérience travailleur

L’INRS y voit aussi de nouvelles opportunités. Ainsi, les plateformes, dans certains secteurs comme le second œuvre du bâtiment, pourraient devenir un support aidant les artisans à organiser leur travail ou gérer les relations avec leurs clients. Il leur suggère aussi de devenir des relais de prévention en déployant par exemple des standards de sécurité. 

Pour l’institut, les plateformes ont tout intérêt à préserver la santé des travailleurs, afin de les fidéliser et garantir des prestations de qualité dans un environnement très concurrentiel. Il les invite donc à s’intéresser davantage à l’amélioration de l’expérience travailleur, alors qu’ils se sont jusqu’à présent focalisés sur l’expérience client, et à intégrer la santé au travail le plus en amont possible dans les nouvelles organisations

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