Loi santé : la CFDT donne sa position

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFDT.

Le projet de loi santé, qui vise à “transformer et organiser” notre système, poursuit son parcours législatif. Si la CFDT défend de longue date une réforme du système, en l’état, elle peine à se prononcer sur ce projet de loi qui reste très général. Des précisions s’imposent. Entretien avec Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale CFDT, responsable des dossiers santé et protection sociale. 

Le projet de loi santé est actuellement débattu au Parlement. Quelle analyse porte la CFDT ? 

Cette loi vise à « organiser et transformer » notre système de santé, et notamment à répondre à la question centrale des déserts médicaux. La CFDT, qui dénonce depuis des années une détérioration de notre système et appelle à une grande réforme pour garantir l’accès de tous à des soins de qualité, ne peut que se satisfaire de voir cette question à l’ordre du jour. Cela dit, il est difficile de se prononcer aujourd’hui sur l’utilité et la pertinence de ce projet de loi car il reste très général, il s’agit d’un cadre. Il est prévu que la déclinaison concrète de la réforme se fasse par ordonnances. Pour résumer, nous partageons une grande partie du constat, les grandes lignes du projet vont dans le bon sens, mais nous demandons à être associés aux décisions lorsque viendra le temps des ordonnances. Le diable se cache dans les détails. 

La loi s’appuie sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Est-ce la bonne solution pour organiser la future médecine de proximité ? 

Nous verrons si la médecine de ville joue le jeu, mais l’idée de mettre en réseau les professionnels d’un territoire afin qu’ils organisent la prise en charge de tous les patients est une piste intéressante. Nous voyons bien que les hôpitaux ne peuvent être seuls en première ligne. Pour gagner la bataille de la proximité, il faut que les soins de ville prennent leur part de ce service public. Chaque patient doit pouvoir accéder à un médecin, un infirmier ou une kiné le plus proche possible de son domicile, en lien avec un hôpital de proximité, lui-même en lien avec les hôpitaux universitaires. 

Quelles sont les conditions qui permettraient que cette loi améliore réellement notre système ? 

L’un des enjeux est d’embarquer dans ce projet la médecine de ville. Le gouvernement a déjà annoncé des mesures afin d’encourager les professionnels qui exercent en libéral à mieux se coordonner. Les médecins volontaires devraient, par exemple, bénéficier d’assistants médicaux à qui ils pourront déléguer certaines tâches. L’idée est qu’ils puissent ainsi recevoir davantage de patients dans des régions où l’offre de médecins est notoirement insuffisante. 

Un autre enjeu est financier. Cette réforme ne pourra porter ses fruits que si le gouvernement apporte en même temps une réponse à la situation financière des hôpitaux. Toute réforme a besoin au départ d’investissements. Comment demander aux personnels de s’investir dans un projet de transformation de notre système si aucune réponse n’est apportée à leur problème de court terme ? La loi santé n’aborde pas cette question, qui relève de la loi de financement de la Sécurité sociale, mais nous voyons bien que les deux problématiques sont liées. 

Enfin, cette loi santé devra également être complétée par des décisions fortes en matière d’autonomie et de dépendance. Les personnes les plus âgées sont en effet un public qui nécessite une réelle prise en charge de proximité. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...