Alors qu’il donnait une interview aux Echos, Patrick Liébus le président de la Capeb (Confédération de l’artisanat des petites entreprises du bâtiment) est revenu sur le Plan rénovation énergétique annoncé par le gouvernement fin novembre. Il est formel, les chiffres annoncés par l’Etat ne sont pas atteignables dans les cinq ans.
Le Plan rénovation énergétique serait bien trop ambitieux. Le président des artisans du bâtiment est sceptique quant aux objectifs souhaités par le gouvernement sur la durée du quinquennat. Selon Patrick Liébus, le gouvernement doit s’engager beaucoup plus s’il veut parvenir à rénover 500 000 logements par an.
Une “priorité nationale” trop ambitieuse
L’objectif de ce plan est de doubler l’effectif de logements rénovés chaque année. Cette “priorité nationale” selon le gouvernement pousserait à 500 000 le nombre de logements rénovés annuellement. Il faut savoir que la France compte 7 à 8 millions de “passoire thermiques”, ces logements énergivores que veut taxer Nicolas Hulot pour inciter les propriétaires à faire des travaux.
Dans le cadre de ce plan, avec comme but à long terme la neutralité carbone en 2050, le gouvernement souhaite investir 14 millions d’euros sur l’ensemble du quinquennat.
Mais ce projet ne convient pas au secteur du bâtiment, en témoignent les propos du président de la Capeb :
Il est très dangereux et ça peut être très critiquable de donner des chiffres qui ne seraient pas tenus. On a eu l’expérience pendant plusieurs années où des chiffres ont été donnés, et en fait il n’y avait aucune tenue de ces chiffres, on n’a jamais atteint ces objectifs
Un manque de main d’oeuvre évident
Le secteur de l’artisanat et plus particulièrement du bâtiment fait face à une pénurie de main d’oeuvre qui ne risque pas de faciliter les choses alors que les carnets de commande se remplissent. Le président de la Capeb est assez fataliste à ce sujet.
[…] Derrière il faut des salariés dans les entreprises, on a quand même un problème de main d’oeuvre actuellement et il faut pouvoir accompagner cette démarche. Alors donnons des chiffres peut-être moins ambitieux mais tenons les de façon à ce qu’on puisse atteindre ces objectifs
Le crédit d’impôt transition énergétique (CITE) pose aussi problème. Cette aide fiscale perçue par les ménages avec un an de décalage par rapport à la réalisation des travaux d’économie d’énergie, se prolonge jusqu’en 2018. A partir de 2019, le gouvernement veut la transformer en prime. Là encore, problème : “ce crédit d’impôt est renié. […] à un moment donné, les entreprises se posent des questions sur son fonctionnement, les clients s’en posent encore plus” déplore Patrick Liébus.
Parvenir à des objectifs réalisables
Des concertations ont été lancées en novembre et dureront jusqu’à janvier 2018, pour que l’ensemble des acteurs puissent s’exprimer et “co-construire ce plan”. Patrick Liébus appelle par ailleurs à trouver des solutions réalisables : “La concertation c’est passer du temps à échanger avec ceux qui connaissent le secteur, dans ce cas avec nos organisations professionnelles […] pour regarder quelles sont les meilleures solutions pour arriver aux meilleurs objectifs”.