L’hôpital public, victime collatérale des 35h

Le mouvement de grève qui semble s’enkyster à l’AP-HP contre le projet initial de réforme de l’organisation du travail porté par Martin Hirsch, le directeur général, illustre les dégâts causés par les 35 heures dans l’hôpital public. Depuis plus de dix jours, les personnels confirment des grèves périodiques dont plus personne ne semble pouvoir prendre le contrôle.  

Initialement, Martin Hirsch était parti la fleur au bout du fusil, ou presque, sur un sujet éminemment sensible. Le directeur général de l’Assisitance Publique entendait alors renégocier la durée quotidienne du travail pour juguler la “machine à créer des RTT” qui désorganise, à l’hôpital, le travail en équipes. Concrètement, il s’agissait d’allonger discrètement la durée du travail sans toucher facialement aux 35 heures, afin d’augmenter le volume de travail presté à l’hôpital. Cette stratégie visait par ailleurs à diminuer le recours à l’interim. 

Très vite, les organisations syndicales ont répercuté l’émoi du personnel sur ce sujet sensible, et la première grève a été annoncée. 

Le mouvement est suivi massivement par les personnels. 

Pour Martin Hirsch, la situation est désormais d’autant plus compliquée que Marisol Touraine, face à la mauvaise tournure des événements, s’est empressée de lâcher publiquement son directeur général. Celui-ci agit désormais sans filet, et les organisations syndicales n’acceptent même pas de discuter de son nouveau projet de réorganisation qui évacue la question des 35 heures.  

Ce mouvement explosif montre bien le prix qu’il faudrait payer pour allonger la durée du travail dans les organisations publiques. La réaction éruptive des personnels laisse entrevoir, pour le management public, une véritable difficulté de fond sur la question de la productivité des personnels et des organisations. En l’espèce, les personnels de l’AP-HP reprochent à Martin Hirsch d’avoir voulu aborder la question des conditions de travail après celle de la durée du travail et cette inversion-là ne lui est pas pardonnée. On imagine sans peine que n’importe quel manager public se heurtrera tôt ou tard à la même difficulté. 

A long terme, le retour à l’équilibre des comptes publics ne pourra pourtant pas faire l’économie de cette question difficile de la productivité dans les services, et au coeur de cette question, la problématique de la durée du travail sera belle et bien centrale.  

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