L’hôpital public à l’heure de la mobilisation sociale générale

Pour les personnels de l’hôpital public français, ce jeudi 14 novembre 2019 est un jour de mobilisation sociale générale. Des aides-soignants aux directeurs médicaux des Hôpitaux de Paris, l’ensemble des professionnels dénonce un système à bout de souffle, au bord du gouffre.

 

Pour le gouvernement, cette crise éclate au plus mauvais moment – celui de la montée en puissance du mouvement contre la réforme des retraites. 

Une mobilisation unanime

Il n’est pas fréquent que les mouvements sociaux unissent les personnels d’exécution et le haut encadrement : c’est pourtant bien ce qui a lieu aujourd’hui, à l’hôpital public. Aides-soignants, infirmiers, internes et médecins sont tous appelés à se mobiliser afin de “sauver l’hôpital public”. Leur journée d’action est même soutenue par la conférence des doyens des facultés de médecine, qui a décidé de faire de ce jeudi une journée “faculté morte”, ainsi que par 70 des 77 directeurs médicaux de l’assistance publique-hôpitaux de Paris, qui ont fait publier une tribune dans Le Monde où ils dénoncent un système “au point de rupture”, “qui s’écroule”. 

Forts de l’appel à la mobilisation de toutes ces catégories de personnels hospitaliers, le défilé organisé à Paris et ceux organisés un peu partout en France devraient faire le plein. 

Les maux de l’hôpital public

Le caractère unanime de la mobilisation du jour témoigne du fait que tous les personnels ou presque sont fort mécontents du fonctionnement actuel du service public hospitalier. Son manque de moyens est, en particulier, pointé du doigt, dans la mesure où il explique notamment les réorganisations permanentes des structures hospitalières – entendre : les réductions de voilure des services – le manque de personnel – même si, ici, les lacunes du système de formation sont également en cause – mais également le niveau jugé insuffisant des rémunérations. Le mouvement de grogne qui subsiste au sein des services d’urgences procède d’ailleurs des mêmes causes. 

“Le manque d’effectifs, d’équipements et de matériel ne nous permet plus d’assurer nos missions dans des conditions acceptables pour les patients et pour les soignants”, dénoncent ainsi le collectif Inter-Hôpitaux et le collectif Inter-Urgences, à l’origine de l’appel à la mobilisation. Ils poursuivent : “”Nous demandons un plan d’urgence pour l’hôpital public avec un financement à la hauteur des besoins de santé de la population”. 

Le gouvernement sur des œufs

N’ignorant pas qu’il y a le feu au lac, le gouvernement a bien tenté, ces dernières semaines, de calmer les esprits. Pour la première fois depuis dix ans, il a par exemple revalorisé les tarifs hospitaliers, de 0,5 %. En outre, alors que l’objectif national des dépenses de santé (Ondam) plafonnait sous les 2 % durant le quinquennat de François Hollande, l’exécutif a porté les deux derniers entre 2,3 % et de 2,5 %. Enfin, mardi devant le Sénat, Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, a promis de nouvelles annonces courant novembre pour un “hôpital public solide, moderne et faisant la fierté de tous les Français”. 

Désireux de se montrer au chevet de l’hôpital public, le gouvernement marche, il est vrai, sur des œufs. La mobilisation des personnels hospitaliers survient en effet au plus mauvais moment pour lui, alors même que la mobilisation contre la réforme des retraites prend sérieusement forme. Dans une telle configuration, un embrasement social du secteur de la santé aurait nécessairement des conséquences fort mauvaises pour l’équipe au pouvoir. 

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