Il était le seul médecin depuis 1980. Il a aussi été le maire de la commune de Renazé par deux fois entre 1995 et 2008. Le Docteur Richard Flament comparaissait cette fois pour escroquerie et usage de faux après avoir utilisé frauduleusement les cartes vitales de ses patients.
La séance du 14 juin au tribunal correctionnel de Laval aura été plus que rocambolesque. A la barre des accusés, le docteur Richard Flament faisait le spectacle coupant allègrement la parole au président ou en évitant les questions fâcheuses. L’actuel maire de Renazé en prenait aussi pour son grade lorsque l’ex-médecin évoquait une commune où « il y a beaucoup d’alcoolisme et de filles violées ».
Pour information, Richard Flament passait devant le tribunal pour avoir escroqué ses patients, pour la plupart vulnérables car âgés ou handicapés. Il aurait ainsi détourné 150 000€ aux assurances maladies.
Cartes vitales, frais kilométriques et villa en Espagne…
Venu s’installer au cabinet médical de la Maison-Pré en 1980, Richard Flamentétait le seul praticien de la commune. Seulement, il a été condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis, accompagné d’une privation des droits civiques et civils avec obligation de remboursement de ses patients.
Les enquêteurs révèlent que le système frauduleux était bien rodé. De janvier 2012 à juin 2014, il partait visiter des patients avant de prescrire une ordonnance et d’emprunter « d’autorité » leur carte vitale qu’il rendait plusieurs jours plus tard. Il arrivait aussi que ces cartes vitales passent plusieurs fois dans le boîtier de télétransmission ou qu’il fasse signer plusieurs feuilles d’actes de soins pour une seule consultation.
Il rendait également des visites injustifiées à ses patients, pour se faire facturer un acte ou des frais kilométriques.
Son agenda papier et son équivalent électronique ont fait état de différences entre les rendez-vous avec les patients et les actes facturés. Le médecin aura même réussi à se faire facturer des actes dont les dates coïncident pourtant avec ses vacances à Dubaï.
Source : hautanjou.com
L’avocat du médecin a demandé une exception en nullité dénonçant une enquête « partiale » alors que son client est « mis au ban de la société« . Ces mêmes enquêteurs devant lesquels le médecin déclarait avoir « un peu triché« . Mais au tribunal, la version changeait sensiblement. Le Dr Flament se disait plutôt « nul en informatique ce qui explique quelques erreurs ».
Pour l’avocat des plaignant, la défense ne tient pas. « Le fait est que le docteur Flament a maintenu son train de vie considérable en prenant l’assurance maladie pour une vache à lait« . Il explique que l’ex-praticien possède un appartement à Paris, une villa en Espagne et une maison à Renazé ce qui lui vaut d’être assujetti à l’ISF.
Guirec Le Bras, procureur de la République, estime que l’accusé souffre « du syndrome du notable qui ne supporte pas d’être remis en cause » et qu’il s’agit de quelqu’un « qui a un aplomb formidable ». En plus des peines prononcées précédemment, l’ex-praticien voit son appartement parisien être saisi.