Les tensions d’accès à un médecin généraliste ne faibliront pas avant une dizaine d’années selon la Drees

Le service statistique du ministère de la santé, la Drees, a récemment publié des données relatives à la démographie des professionnels de santé. Ces données permettent de constater que les problématiques liées aux difficultés d’accès à un médecin sont loin d’être résolues. Deux jeux de données sont ainsi diffusés. Le premier permet d’avoir une photographie de la démographie des professionnels de santé au 1er janvier 2023. Le second offre une vision prospective de l’évolution du nombre de médecins à l’horizon 2050.

Les données publiées par la Drees permettent d’avoir une vision claire des différentes hypothèses d’évolution de la démographie des médecins en partant de l’état des lieux au 1er janvier 2023. C’est essentiellement l’accès au médecin généraliste qui est scruté de près mais les autres professions de santé méritent également un point d’étape.

Un scénario tendanciel qui ne voit pas d’amélioration d’accès au médecin généraliste avant 10 ans

D’après la Drees, la France compte, au 1er janvier 2023, 99 457 médecins généralistes et 130 686 médecins spécialistes. En termes d’accès à ces professions, il y a théoriquement 146,6 généralistes pour 100 000 habitants (contre 160,83 en 2012) et 192,63 spécialistes pour 100 000 habitants (contre 181,54 en 2012). Selon le scénario tendanciel qui implique l’arrivée 1 200 diplômés étrangers par an et l’admission de 8 700 étudiants en 2e année de médecine chaque année, l’effectif des généralistes n’inversera pas son évolution à la baisse avant 2029 contrairement aux spécialistes qui ne cesseront d’augmenter. Ainsi, le nombre de généralistes devrait atteindre son plus bas en 2026 avec 92 546 professionnels avant de repartir à la hausse pour revenir à son niveau actuel entre 2034 et 2035.

En termes de densité médicale, c’est en 2027 que le plancher devrait être atteint avec seulement 134,7 généralistes pour 100 000 habitants. L’accès à un médecin généraliste ne connaîtra pas de véritable amélioration avant de nombreuses années car la densité observée en 2023 ne devrait être à nouveau dépassée qu’en 2036. La redensification de la profession de médecin généraliste continuera alors jusqu’en 2050 pour atteindre 182,3 généralistes pour 100 000 habitants.

D’autres hypothèses plus ou moins optimistes (c’est-à-dire qui ne suivent pas le scénario tendanciel) envisagent des évolutions diverses de la démographie des médecins. Ainsi, dans l’hypothèse la moins favorable (certes très improbable), la densité de médecins généralistes tomberait à 130,6 médecins pour 100 000 habitants en 2031 avant d’augmenter et de retrouver la densité de 2023 à l’horizon de 2045. A l’inverse, l’accès au médecin généraliste s’améliorerait plus vite en suivant l’hypothèse la plus favorable qui impliquerait l’admission de plus de 10 000 étudiants en 2e année de médecine chaque année. Dans ce cas, la densité de médecins dépasserait le seuil de 2023 dès 2034 et il y aurait plus de 200 généralistes pour 100 000 habitants à partir de 2049.

Les autres professions médicales étoffent leurs effectifs à l’exception d’une

La Drees ne s’intéresse pas qu’au médecin généraliste et au spécialiste, elle propose aussi un état des lieux de la démographie des autres professions de santé au 1er janvier 2023. On note ainsi que de nombreuses professions médicales enregistrent une augmentation de leurs effectifs. C’est le cas de la profession d’audioprothésiste qui continue d’avoir le vent en poupe avec 374 nouveaux professionnels en un an : on compte 5 110 audioprothésistes en 2023, contre seulement 2 624 en 2012. Le nombre de dentistes augmente également pour atteindre 45 249 en 2023 (on en comptait 44 154 en 2022). La tendance est identique pour les opticiens qui sont 42 339 en 2023 alors qu’ils n’étaient que 23 309 en 2012. On peut également remarquer le développement spectaculaire du métier de psychologue qui atteint 74 195 praticiens en 2023 contre 38 128 en 2012.

En revanche on constate qu’une profession particulière voit sa présence reculer. Il s’agit des pharmaciens qui sont directement concernés par une démographie en recul depuis 2016. Nous sommes passés de 74 484 pharmaciens cette année-là à “seulement” 73 381 pharmaciens en 2023.

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