Une étude de la DARES publiée le 31 juillet 2017 nous révèle que les salariés des très petits établissements (de 1 à 9 salariés) ne sont pas exposés de manière plus importante aux risques physiques que les salariés des plus grandes unités. Néanmoins les types d’expositions et la prévention des risques encourus diffèrent entre ces deux types d’unité de travail.
Cette étude s’intéresse spécifiquement à l’exposition aux risques professionnels des salariés des petits établissements, et ce pour l’année 2010.
Moins de maladies professionnelles et d’accidents du travail dans les très petits établissements
Les maladies professionnelles et les accidents du travails reconnus sont moins fréquents dans les très petits établissements. Une enquête nommée SUMER 10 a, afin de comprendre cette donnée, comparé les expositions professionnelles des salariés en très petit établissement (de 1 à 9 salariés) et petit établissement (de 10 à 49 salariés) avec celles des établissements plus grands.
On parlera ici de TPE et PME, afin de désigner non pas la taille de l’entreprise, mais celle de l’établissement.
Les horaires « atypiques , facteurs de risques physiques, moins fréquents dans les TPE/PME
Dans les petits établissements, le travail en équipe alternantes et le travail de nuits sont moins fréquents. L’étude relève que seuls 5% des salariés dans les TPE et 10% dans les PME travaillent en équipe. Ils sont 25% dans les établissements d’au moins 200 salariés.
En outre, 4% des salariés en TPE et 7% en PME travaillent de nuit (au moins 10 nuits par an) contre 12% dans les grandes unités.
Néanmoins dans les petits établissements, les salariés bénéficient moins souvent de 48 heures consécutives de repos.
Les salariés des TPE/PME, souvent exposés aux postures pénibles et aux vibrations
En TPE/PME ce sont 28% des salariés qui sont exposés à des postures pénibles (vectrices de risques physiques pour les salariés) plus de 2 heures par semaine, contre 25% pour l’ensemble des salariés.
Cette variation s’explique par les métiers souvent exercés dans les TPE/PME (les salariés sont souvent ouvriers) et les secteurs d’activité concernés (l’agriculture ou le BTP).
Dans les TPE les salariés sont plus exposés aux vibrations transmises par des machines ou des outils vibrants : 18% contre 12% pour l’ensemble des salariés. Ils sont également plus exposés aux risques routiers, en effet 20% des salariés en TPE conduisent sur la voie publique plus de deux heures par jours, 23% en PME et 12% dans les plus grands établissements de 200 salariés et plus.
Les salariés de TPE/PME également plus exposés aux agents chimiques cancérigènes
Les salariés de TPE sont 13% à être exposés aux agents chimiques cancérigènes, contre 10% pour l’ensemble. Ces derniers sont donc, ici, soumis à des risques physiques très importants.
Cette surexposition est, de plus, aggravée par une mise à disposition moins fréquente de protections individuelles ou collectives dans les TPE : 34% des salariés exposés à ces agents n’ont pas de protection à disposition dans les TPE contre 24% dans les établissements de 200 salariés ou plus.
Cette surexposition des salariés de TPE peut être expliquée par certains facteurs tels que l’existence de politiques de prévention plus formalisées dans les grands établissements et les moyens financiers plus importants dans ces derniers permettant la substitution de ces produits. L’étude remarque également que les grands établissements ont souvent recours à la sous-traitance aux TPE pour des activités qui peuvent être exposantes.
Enfin les employeurs de TPE/PME semblent moins conscients de l’existence de ces risques.
Un travail moins intense et une marge de manœuvre plus importante dans les TPE
Les contraintes de rythme, vecteur d’intensité du travail, sont moins importantes dans les TPE/PME que dans les établissements de plus grande importance.
22% des travailleurs en TPE subissent au moins trois contraintes de rythme de travail contre 31% dans les PME et 36% dans les plus grands établissements.
En effet, les salariés de TPE sont moins soumis à des « rythmes imposés par des normes ou délais inférieurs à une heure » (14% pour les TPE contre 20% pour l’ensemble des salariés), à des « rythmes dépendants des collègues » (18% contre 27%) ou à un « contrôle permanent de la hiérarchie » (20% contre 26%).
En outre, les salariés des petites unités sont 33% (contre 37% pour l’ensemble) à affirmer « devoir toujours ou souvent se dépêcher dans leur travail ».
Les salariés des petits établissements ont une marge de manœuvre bien plus importante que ceux des établissements plus grands, celle-ci leur permet de réduire les risques physiques en évaluant les tâches à accomplir. Ils peuvent ainsi, faire plus souvent varier les délais ou changer l’ordre de leurs tâches. Ils sont moins nombreux à déclarer manquer de latitude décisionnelle dans leur travail (le tiers des salariés de TPE contre la moitié dans les établissements de 50 à 500 salariés déclare manquer de latitude décisionnelle).
Enfin les salariés de TPE sont moins concernés par le « job strain », ou tension au travail. Il s’agit ici de la combinaison d’une demande psychologique élevée et d’une faible latitude décisionnelle : 13% de salariés en TPE sont en situation de « job strain » contre 21% dans les établissements de plus de 500 salariés.
Les relations internes et externes plus favorables dans les TPE/PME
Les relations internes et externes des salariés influencent non pas les risques physiques mais les éventuels risques organisationnels et psychosociaux qu’encourent ces derniers.
Les relations internes et externes sont plus favorables dans les TPE/PME : cela se matérialise par un meilleur soutien social par les collègues (40% des salariés sont concernés par un manque de soutien dans les TPE contre 46% pour l’ensemble des salariés). Les salariés des TPE sont moins nombreux à déclarer ne pas avoir l’information ou les moyens suffisants pour bien faire leur travail de telle sorte que les conflits éthiques sont moins nombreux dans les petits établissements.
Les comportements hostiles sont, de plus, moins nombreux dans les TPE/PME. Il s’agit de comportements méprisants, qui concernent 5% des salariés de TPE contre 8% pour l’ensemble des salariés. Par contre, les atteintes dégradantes sont aussi nombreuses dans les TPE/PME que dans les établissements plus grands.
Enfin, les salariés de TPE travaillent plus souvent en contact avec le public : en effet, 86% des salariés de TPE ont des relations externes contre 76% pour l’ensemble des établissements. Néanmoins, ils rencontrent moins de tension et d’agressions que les salariés ces établissements de plus grande taille.
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