Les risques psychosociaux touchent aussi les représentants du personnel

A l’heure où le burn-out est un sujet d’actualité, ce sont plus généralement les risques psychosociaux (RPS) au travail qui restent au cœur des réflexions depuis plusieurs années. S’ils ont donné lieu à de nombreuses études, nous ignorions encore récemment qu’elle était l’exposition à ces risques pour les représentants du personnel. Ainsi, le Centre Etudes & Prospective du Groupe Alpha et Secafi ont lancé une enquête nationale en 2014-2015 afin d’analyser le phénomène. 

Il est vrai que les élus du personnel sont les premiers à lutter contre les risques psychosociaux dans les entreprises. Or, ce sont souvent les derniers cités comme sujets de ces risques. Néanmoins, leur rôle ne leur procure pas les ressources nécessaires pour s’en protéger. Au contraire, cette étude révèle que les élus du personnel sont même particulièrement exposés au stress. 

A la lecture des résultats de l’enquête, la situation est particulièrement tendue pour les représentants du personnel. 

 

Les représentants du personnel sont sous pression

Il s’avère que la moitié des représentants du personnel font état d’un stress décompensé, c’est-à-dire pour lequel ils ne trouvent plus les ressources nécessaires pour y faire face. 

55 % d’entre eux affirment ressentir au moins un symptôme ayant un lien probable avec leur mandat. Ils évoquent notamment l’importance de troubles de sommeil, une sensation de mal-être et de la fatigue persistante. 

Cette étude montre que les représentants du personnel seraient davantage confrontés à ces risques que les salariés en général. Les élues féminines seraient 57% à être touchées par ces risques contre 37% pour les autres femmes salariés. Ce constat se retrouve également chez les hommes, concernés à 45% pour les représentants du personnel contre 24% pour les autres salariés. 

Enfin, le rapport révèle des inégalités hommes et femmes face à l’exercice du mandat. En effet, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à exprimer un sentiment de culpabilité à l’égard de l’investissement dans un mandat débordant sur la vie familiale. En outre, plus de militantes se sentent souvent confrontées à des salariés en situation de mal être (43% contre 30% pour les hommes). 

 

Des facteurs de surexposition aux risques nombreux et spécifiques

Il ressort de l’enquête que les représentants du personnel exercent leur mandat dans des conditions parfois difficiles. Ils sont ainsi exposés à des facteurs de risques psychosociaux spécifiques. 

Parmi les facteurs de surexposition importants, on retrouve principalement la confrontation à la souffrance des salariés. Environ la moitié des élus (48%) déclarent avoir des difficultés à faire face au mal-être des salariés. En effet, accompagner un salarié dans le cadre d’un licenciement, connaitre une restructuration de l’entreprise ou être confronté à un suicide d’un salarié ne sont pas des situations faciles à gérer. Certains élus peuvent avoir du mal à prendre de la distance face aux problèmes confiés. 

Mais ils sont également plus d’un tiers (39%) à avoir le sentiment d’être isolés dans l’exercice de leur mandat, notamment en raison des absences de leur poste. Parmi les autres facteurs de risque, les tensions avec la direction sont aussi citées tout comme l’insuffisance de moyens pour accomplir son mandat. 

Enfin, les élus dévoilent certains impacts négatifs du mandat sur leur vie professionnelle ou leur carrière. Plus précisément, ils sont 58% à penser que leur évolution professionnelle a été freinée par leur mandat. En outre, le cumul de l’activité du salarié avec l’exercice de son mandat peut gérer une forte charge de travail. 62% des représentants estiment que le temps réellement consacré à leur mandat est supérieur à celui alloué par l’entreprise. Finalement, malgré leur statut de salarié protégé, seuls 14% des représentants du personnel considèrent leur mandat comme une “protection”. 

 

Pour pallier cette surexposition des élus aux RPS, l’étude dessine trois pistes de prévention. D’abord, réaliser des formations syndicales pourrait leur permettre de confronter leurs expériences entre collègues et prendre du recul. Ensuite, bénéficier d’un accord de droit syndical dans son entreprise est un deuxième moyen d’échapper à ces risques. Enfin, le soutien d’une union syndicale serait un troisième moyen de prévention. 

 

Quelles actions pour la prévention ?

L’enquête avance 5 axes pour élaborer une politique de prévention des risques psychosociaux des élus : sensibiliser sur le sujet, orienter et écouter, développer l’accompagnement et le suivi, renforcer les moyens à disposition des élus et pouvoir échanger. 

Ces pistes d’actions ne sont que des éléments de réflexion, les auteurs de l’enquête tiennent d’ailleurs à souligner que la loi Rebsamen, votée à l’Assemblée nationale le mardi 2 juin 2015 en première lecture, n’est pas à la hauteur des enjeux liés aux risques psychosociaux des représentants du personnel. 

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