Les réactions syndicales à la montée du FN

Les résultats du premier tour des élections régionales n’en finissent pas de faire parler d’eux, tant le nombre de voix portées sur le Front national a augmenté par rapport aux précédents scrutins. Pourtant, les syndicats de salariés ou organisations d’employeurs demeurent étonnamment avares en commentaires à ce sujet même si, après quelques jours, les réactions ont commencé à émerger. 

 

 

L’appel à la responsabilité de la CFDT

La CFDT avait pris les devants en publiant une interview de Laurent Berger deux jours avant le scrutin dans laquelle il expliquait pourquoi le vote Front national est pour lui une “impasse économique, sociale et environnementale”. 

Une fois les résultats connus, c’est non pas sur le site de la CFDT, mais sur celui de la section Chimie-énergie de Haute-Normandie qu’un petit communiqué est venu appeler les partis à la responsabilité. L’argument principal est celui d’un risque majeur pour la démocratie si le Front national venait à remporter des régions. Le texte parle également des propositions du Front national qui n’apporteraient pas de réponses aux problèmes économiques et sociaux tout en étant démagogiques, inefficaces et dangereuses. La Commission exécutive de la CFDT, rédactrice du texte, termine en appelant les partis politiques à tout mettre en œuvre pour empêcher le Front national d’accéder à la présidence d’une région. 

 

Le sursaut citoyen prôné par l’UNSA

L’UNSA s’est aussi fendue d’un communiqué mettant en garde contre le Front national. Le syndicat rappelle les valeurs autour desquelles il s’est construit : ce sont les “principes démocratiques qui fondent notre « vivre et travailler ensemble » républicain”. 

L’UNSA rappelle qu’elle n’a pas à dicter de consigne de vote si celui-ci se déroule dans le cadre républicain. Cependant, le syndicat estime que le Front national n’est pas républicain ce qui change la donne. 

Le communiqué avance que laisser une région à ce parti politique ne résoudra “ni les problèmes d’emploi, ni les difficultés d’insertion, ni le développement économique. Au contraire, cela y créera un climat lourd de tension et d’affrontement”. Le syndicat craint également pour l’existence même des organisations syndicales indépendantes qui serait remise en cause par le Front national. 

L’UNSA termine donc par demander aux citoyens de faire barrage au Front national et appelle à un sursaut citoyen. 

 

La CGT appelle à la mise en échec du Front national

La CGT déplore le nombre de voix obtenues par le Front national au premier tour des régionales. Elle fait directement le lien entre ce vote et la crise démocratique et sociale que traverse la France “et sur laquelle la CGT ne cesse d’alerter”. 

Pour ce syndicat, c’est avant tout la crise, avec son lot de chômage et de précarité, qui mènerait les citoyens à voter pour le Front national. La CGT considère que ce repli nationaliste est la conséquence d’une part de “l’absence de réponse au dumping social généré par la mondialisation capitaliste”, et d’autre part des “impasses des politiques libérales et austéritaires menées en Europe”. 

La CGT dénonce “les promesses non tenues et la démission du politique face au marché” qui seraient la cause du vote Front national. 

Le communiqué du syndicat poursuit en expliquant pourquoi le Front national doit être combattu : “la CGT le combat parce que son approche est fondée sur l’inégalité, en fonction des nationalités, des origines, des religions, des couleurs ou des sexes. Le FN divise et met en opposition le monde du travail, et fait ainsi le jeu du patronat. Il porte un projet de régression sociale, et notamment l’austérité avec la suppression d’un fonctionnaire sur deux dans les collectivités territoriales. Dans les collectivités qu’il dirige, le FN s’attaque à la culture, aux associations et aux droits des femmes et casse le lien social. Il remet en cause notre système de solidarité, en portant la suppression des cotisations sociales. Il menace les libertés durement conquises par les travailleurs, la liberté d’expression au travail comme dans la société, la liberté de la presse, ou encore la liberté de mobilisation et d’organisation”. 

 

FO prend le contrepied des autres syndicats

Alors que la plupart des syndicats de salariés appellent à un soulèvement contre le Front national. Force Ouvrière, par la plume de Jean-Claude Mailly, a publié un éditorial écrit avant le 1er tour des régionales. Le secrétaire général de FO y affirme que les “élections politiques sont l’affaire des citoyens et le syndicat n’est pas un parti politique”. Cependant il rappelle l’attachement de son syndicat aux valeurs républicaines et à la démocratie. 

Il considère que ce sont ces “valeurs républicaines et démocratiques [qui] doivent s’imposer à la politique économique et non l’inverse”. Dans le contexte actuel d’austérité, “triplement suicidaire, socialement, économiquement et démocratiquement”, il estime que le syndicat doit rester avant tout un syndicat et qu’il ne se prenne pas pour un mouvement sociétal ou politique. 

M. Mailly termine son éditorial en déclarant que c’est en changeant de politique économique et sociale que les mouvements de rejet de l’autre reculeront. Malgré son ambition de ne pas donner de consigne de vote, il est facile de comprendre qu’il ne porte pas le programme du Front national dans son cœur. 

 

Silence du côté des employeurs

Alors que Pierre Gattaz avait montré son opposition et celle du MEDEF au programme du Front national avant le 1er tour des régionales, il est resté étrangement silencieux, comme toutes les autres organisations d’employeurs, à l’annonce des résultats ce dimanche. Tiendraient-ils la même ligne que Force ouvrière ? 

 

 

Cet article est paru sur Décider et Entreprendre

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