La stratégie nationale de santé pour les années 2018-2022 vient de paraître au Journal officiel. Déjà publiée sur le site du ministère au début du mois de novembre 2017, puis mise à jour le 20 décembre 2017 dans une version modifiée suite à la Conférence nationale de santé tenue fin novembre, le nouveau document est officiellement applicable.
Quatre axes identiques à la 1ère version de la stratégie nationale de santé
La version publiée au Journal officiel n’a pas subi beaucoup de modifications par rapport au projet présenté début novembre 2017. La stratégie nationale de santé reste axée sur quatre thèmes très larges et vastes. Le document donne une idée de la politique de santé qui sera menée dans les années à venir sans toutefois que beaucoup d’indication ne soient proposées concernant les modalités et probabilités de mise en oeuvre. Certaines évolutions sont plutôt alléchantes, comme le développement de la télémédecine, mais leur faisabilité reste parfois extrêmement lointaine. De plus, il est regrettable que le thème de l’innovation soit symboliquement relégué à la quatrième place, s’agirait-il d’un mauvais présage ? Les prochaines années nous le diront.
Les quatre axes de la stratégie nationale de santé sont toutefois les suivants :
– la promotion de la santé : dans cette catégorie, le ministère de la santé englobe de très larges catégories d’actions réparties en plusieurs sous-catégories.
- La première sous-catégorie vise à promouvoir les comportements qui seraient favorables à la santé : on y trouve aussi bien la mise en oeuvre d’une politique visant à promouvoir une alimentation saine, une activité physique régulière, à prévenir toute pratique addictive, que la promotion de la santé sexuelle, la prévention de la conduite dangereuse, ou encore la prévention de la perte d’autonomie.
- La deuxième sous-catégorie, tout aussi “fourre-tout” concerne la promotion de conditions de vie et de travail favorables à la santé ainsi que de la maîtrise des risques environnementaux : cela inclut par exemple la réduction d’exposition de la population aux substances nuisibles et à la pollution.
- La troisième sous-catégorie est intéressante car elle vise notamment à renforcer la protection vaccinale de la population et contient spécifiquement la mesure qui fait encore débat aujourd’hui : l’extension de l’obligation vaccinale de 3 à 11 vaccins.
– la lutte contre les inégalités d’accès aux soins : on retrouve dans ce deuxième axe prôné par le ministère de la santé les grands leviers supposés permettre d’améliorer l’accès aux soins.
- La première sous-catégorie vise à la levée des obstacles sociaux et économiques à l’accès aux soins : le gouvernement envisage donc de réformer la protection universelle maladie mais aussi de simplifier les démarches des assurés. Il est aussi prévu de limiter précisément les dépenses de santé à la charge des assurés concernant les prothèses dentaires, auditives et optiques : cela passera nécessairement par un encadrement strict des prix des dispositifs médicaux d’ici 2022 avec l’imposition d’une prise en charge minimale probablement plus élevée pour les organismes de complémentaire santé.
- La seconde sous-catégorie concerne la réduction des déserts médicaux : le ministère de la santé prévoit de partager les professionnels de santé en fonction de la demande de chaque territoire. L’autre option prévue est le développement de la télémédecine mais, malheureusement, aucune date n’est donnée pour la concrétisation de cette action.
– la garantie de la qualité, de la sécurité et de la pertinence des soins à chaque étape du parcours de santé : ce troisième axe de la stratégie nationale de santé vise à développer les compétences sur l’ensemble du territoire.
- La première action envisagée dans ce cadre concerne la transformation de l’offre de soins : l’objectif du gouvernement est de faire en sorte que l’offre de soins réponde réellement aux besoins de la population, cela devrait donner lieu à la meilleure coordination et articulation entre les équipes médicales, à une meilleure prise en charge des personnes handicapées, âgées, ou mentalement malades, mais aussi à une réorganisation du parcours de santé pour en assurer la continuité.
- La deuxième action vise à développer la culture de la qualité et de la pertinence : sur ce point, les soignants qui se démènent tous les jours pour assurer une qualité de service aux usagers risquent de se sentir visés. Le ministère de la santé souhaite créer des procédures pour évaluer la qualité et la pertinence des soins afin d’optimiser le système de santé.
- La troisième action consiste à prendre soin de ceux qui soignent : cette formule paternaliste consiste en réalité à revoir la formation initiale et continue du personnel soignant qui est parfois inadaptée ou insuffisante pour être opérationnel sur le terrain.
– l’innovation du système de santé : le ministère de la santé entend par là favoriser l’adaptation du système français aux nouvelles technologies, aux nouvelles techniques de soins et aux nouvelles attentes des usagers et professionnels de santé.
- La première sous-catégorie de ce dernier axe concerne le soutien à la recherche et l’innovation : le gouvernement entend ainsi favoriser la recherche aussi bien publique que privée, l’innovation médicale et technologique, l’innovation numérique en santé (le document propose ainsi de généraliser le dossier médical partagé à l’ensemble de la population), le meilleur accès aux traitements innovants.
- La deuxième sous-catégorie porte sur la place des usagers dans le système de santé : les usagers devront devenir des acteurs de leur parcours de santé et devront être associés à la gouvernance du système de santé notamment grâce à une simplification des démarches, à la publication d’indicateurs de résultat et de qualité des parcours de soins.
- La troisième sous-catégorie vise à améliorer la place de la France au niveau international : l’idée principale est de faire en sorte que la France fasse la promotion de son système à travers le monde, cet objectif-là colle parfaitement à ce que le Président Macron a montré au niveau international depuis son élection, notamment dans sa volonté de redevenir un leader européen.