Comme ceci avait été annoncé peu après l’élection de Geoffroy Roux de Bézieux à la présidence du Medef, les partenaires sociaux se sont retrouvés hier, dans les locaux du conseil économique, social et environnemental (CESE), afin de discuter de l’élaboration d’un agenda social autonome de celui avancé par le Président de la République. Finalement, la réunion au sommet d’hier a essentiellement consisté en une prise de contacts.
Vive le paritarisme !
A l’issue des échanges entre les dirigeants des organisations patronales et salariales, les uns et les autres ont tenu à vanter les mérites du paritarisme. M. Roux de Bézieux a ainsi salué le “climat cordial” des relations paritaires. Cité par Reuters, Pascal Pavageau, le secrétaire général de Force Ouvrière, s’est pour sa part félicité de “la réaffirmation du rôle des partenaires sociaux en tant que […] contrepoids dans la démocratie sociale”, dans un contexte où l’Etat deviendrait selon lui “de plus en plus fort”. Enfin, toujours cité par Reuters, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT a également analysé, à sa manière, le message envoyé au chef de l’Etat par les partenaires sociaux. Leur entrevue “est déjà une bonne nouvelle”, car elle “veut dire que nous sommes là et nous existons”. Qui donc avait dit le contraire ?
Un agenda autonome encore vague
Ces beaux propos étant formulés, on peut légitimement en venir à se demander quelles décisions concrètes ont été prises lors de la réunion d’hier. Il faut bien reconnaître que le bilan apparaît plutôt maigre. Le nouveau président du Medef a donné quelques précisions : “On a eu des discussions sur un certain nombre de thèmes, notamment les mutations technologiques, […] sur les conséquences sur le monde économique et on a convenu de se revoir en septembre pour préciser les thèmes de travaux”. Guère plus disert, M. Pavageau a temporisé : “On a besoin […] de se retourner les uns les autres vis-à-vis de nos propres organisations pour échanger, prendre le mandat, voir dans quelle mesure on est en capacité de construire quelque chose en commun en terme de thèmes de travail”. En bref : pour l’heure, l’agenda paritaire autonome reste à établir.
Le grand déséquilibre paritaire
Certes, il est probable que d’ici septembre, les partenaires sociaux auront eu le temps de définir au moins un thème sur lequel ils pourront s’engager de manière autonome dans une négociation nationale interprofessionnelle. Pour autant, il ne faudra pas surestimer la volonté de chacun de prendre pleinement part à une négociation paritaire ambitieuse. La politique d’Emmanuel Macron ne se caractérisant pas particulièrement par un penchant pour le social, les représentants du patronat français ont en effet bien moins intérêt que leurs homologues issus des organisations salariales à s’investir dans des négociations d’où l’Etat serait absent. Ceci est d’autant plus vrai que le paritarisme a été largement malmené durant l’élection à la présidence du Medef et qu’il sera donc assez compliqué pour Geoffroy Roux de Bézieux de démontrer publiquement qu’il tient à tout prix à le faire vivre.