Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat de salariés FO.
Le syndicat des greffiers de France-FO a lancé un appel à la grève du zèle à compter du 6 novembre dans tous les tribunaux de France, pour dénoncer la paupérisation de la profession. Il proteste contre le gel du point d’indice, les heures supplémentaires non payées et le manque d’effectifs.
Plus question de faire des « cadeaux » à l’administration judiciaire. Depuis le 6 novembre, le syndicat des greffiers de France SGDF-FO invite les 10 000 agents à exécuter strictement les tâches qui leur sont dévolues, en respectant des horaires normaux, sans faire de zèle. Dans un tract, il dénonce le gel du point d’indice, une rationalisation des effectifs et des heures supplémentaire ou des crédits d’heures écrêtés.
Les greffiers, agents de catégorie B, sont chargés d’assister les magistrats et de garantir le respect et l’authenticité de la procédure. En raison du sous-effectif et du manque de moyens, leurs heures supplémentaires deviennent exponentielles. « Le problème, c’est qu’avec les badgeuses, elles sont écrêtées au bout de deux mois, certains n’arrivent pas à les récupérer et se retrouvent à faire du bénévolat pour l’administration », explique Sophie Grimault, secrétaire générale adjointe du syndicat SGDF-FO.
Burn-out et risques psycho-sociaux
Les recrutements, de l’ordre de 300 greffiers par an, restent insuffisants selon FO. D’autant que cette année, les départs en retraite seront nombreux. Le non renouvellement des postes d’adjoints administratifs de catégorie C alourdit encore leur tâche. Résultat, certains greffiers ne prennent pas de pause déjeuner pour tenter de faire baisser les piles de dossiers qui s’accumulent. D’autres travaillent une heure de plus chaque jour. Pourtant, seules les heures supplémentaires réalisées durant une audience ou avec l’autorisation du supérieur hiérarchique sont comptabilisées.
« Si une peine de prison ferme est prononcée mais que le jugement n’est pas tapé, on ne peut pas saisir le juge d’application des peines pour la faire appliquer, poursuit la greffière. Durant ce temps, la personne court toujours et peut faire n’importe quoi. C’est pour cela que nous allons faire un tas d’heures supplémentaires, mais la conscience professionnelle des fonctionnaires a des limites. Il y a énormément de burn out et de risques psycho-sociaux. Nous voulons le respect des amplitudes horaires. »
Un sentiment d’abandon
Dans le tract, FO en profite pour rappeler aux agents les garanties minimales en termes d’horaires, par exemple une durée maximale de 48 heures par semaine ou un repos quotidien de 11 heures. A ces journées à rallonge s’ajoute un sentiment d’abandon. « Dans le cadre de la réforme de la justice au XXIè siècle, nous avions demandé une revalorisation de notre statut, avec davantage de compétences, poursuit Sophie Grimault. Mais c’est une vaste escroquerie. Nous n’intervenons dans aucun des cinq chantiers mis en place, il n’y a aucune concertation. »