Le CHU de Brest vient d’être condamné par le tribunal administratif de Rennes après le décès d’unpatient ayant contracté une infection dans l’établissement. Seulement, ce nouveau cas d’erreur médicale est aussi révélateur d’une situation financière ingérable en France.
Alors que le mouvement #BalanceTonHosto est en plein développement et que la gronde, logique, des praticiens quant à leurs conditions de travail se fait de plus en plus entendre, on constate encore de trop nombreuses erreurs médicales qui sont imputables aux seuls médecins.
Des manquements qui conduisent au décès
Michel Quideau avait 77 ans lorsqu’on lui a diagnostiqué un rétrécissement aortique. Le 31 août 2007, il est transporté au CHU de Brest pour recevoir une bioprothèse. Mais il contracte ensuite une infection qui ne peut être arrêtée, conduisant à son décès.
La famille du défunt met en cause l’établissement devant le tribunal administratif de Rennes qui conclut que l’infection contractée « présentait un caractère nosocomial« . Le CHU doit verser une amende de 82 715€ dont 47 455€ à la CPAM du Finistère et 35 260€ à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux qui reversera une partie à la famille du défunt.
Le surcoût des erreurs médicales
En France, la question du surcoût qu’entraînent les erreurs médicales se heurte à une sévère omerta. Le Parisien révélait en novembre dernier que seulement 1 153 cas avaient été recensés sur le portail dédié.
Il est très difficile de sortir un chiffre exact du nombre de patients qui décèdent d’une infection nosocomiale. L’association Le Lien estime à 60 000 par an. De son côté, Sadek Beloucif, président du Syndicat national des médecins et chirurgiens des hôpitaux publics, se base sur une étude américaine pour extrapoler à 51 000 décès nosocomiaux par an. Enfin, le service infonosocomiale.fr estime entre 7 000 et 10 000 le nombre de décès imputables à une infection contractée dans un établissement de soins.
Même si la fourchette est très large, il faut aussi compter entre 250 000 et 750 000 infections à caractère nosocomiale par an. Evidemment, ces infections entrainent une nouvelle prise en charge du patient, parfois lourde, qui conduit à un surcoût important.
Les sommes sont néanmoins très variables suivant la pathologie révélée. Mais d’après la CHU de Saint-Etienne, il faut compter un surcoût allant de 1 500€ à plus de 40 000€ par patient ! Fourchette basse, on atteint 375 millions d’euros par an. Fourchette maximale, la somme grimpe à 30 milliards d’euros.
Alors quand on sait que l’expertise médicale demandée après le décès de Michel Quideau révèle que le CHU de Brest « n’a pas correctement pris en charge l’infection contractée et que les manquements commis sont à l’origine des complications subies par l’intéressé puis de son décès », on se demande si les seules conditions de travail dénoncées par les médecins sont en cause.