Cet article provient du site du syndicat de salariés CFDT.
Huit régions ont été retenues pour une expérimentation sur le pilotage de l’action de Pôle emploi en matière de formation professionnelle.
De quoi s’agit-il ? Interpellé au congrès 2019 des régions de France sur le pilotage des politiques de l’emploi, Édouard Philippe avait proposé à trois régions volontaires d’expérimenter la mise en place d’une « instance de gouvernance » de l’emploi, présidée par le conseil régional et associant directions régionales de Pôle emploi et représentants des partenaires sociaux. À l’époque, la CFDT avait regretté une annonce lancée sans réelle explication sur ce nouveau rôle des régions. « La lutte contre le chômage est une cause nationale qui rend absolument nécessaire l’existence d’un opérateur national comme Pôle emploi. »
Vers une régionalisation de Pôle emploi ?
Le dossier, confié à la ministre du Travail, pose de nombreuses questions. « Avec non plus trois mais huit régions sur treize retenues, on dépasse largement le cadre de l’expérimentation », résume Patricia Ferrand, responsable du service Emploi de la Confédération. Et si des expérimentations territoriales figurent bien dans la convention tripartite État-Unédic-Pôle emploi 2019-2022, avec l’objectif d’une meilleure coordination des acteurs pour répondre aux besoins de formation, « il est clairement spécifié qu’elles devront faire l’objet d’une évaluation présentée au conseil d’administration de Pôle emploi avant toute éventuelle généralisation ». Le choix des régions retenues questionne également, à l’image d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui a refusé de s’engager avec l’État dans la mise en œuvre du PIC (plan d’investissement des compétences). La région avait d’ailleurs baissé de 150 millions d’euros son budget dédié à la formation professionnelle, avec comme conséquence une diminution drastique du nombre d’entrées en formation (– 64 % entre 2017 et 2018 pour les moins qualifiés, cible du PIC).
Ces expérimentations marquent-elles les prémices d’une régionalisation de Pôle emploi ? En ouvrant la voie à une dose de dérogation dans le fonctionnement de Pôle emploi, Édouard Philippe n’a pas fini de s’attirer les critiques, la CFDT dénonçant « un risque réel de traitement différencié des demandeurs d’emploi. C’est un nouveau coup porté aux chômeurs qui subissent déjà la mise en œuvre de la réforme injuste de l’assurance-chômage ». Une réunion devait avoir lieu le 11 février associant la Confédération et les unions régionales concernées.