Cet article a été initialement publié sur le site de la CGT.
L’intérim tue. Un travailleur sans papier de la société Manpower, détaché sur un chantier pour le compte de la société Sade, est mort cet été. L’information n’est connue que depuis une semaine. Les délégués CGT Manpower ont convoqué une réunion extraordinaire lundi 19 octobre 2015, afin de connaître les raisons pour lesquelles l’entreprise a passé sous silence ce drame. Ce même jour, un rassemblement se tiendra au siège de la société, à Nanterre.
Jeudi 15 octobre, à Dunkerque, une action avait eu lieu pour les mêmes raisons. Trois décès sont survenus en novembre 2014 à Arcelor Mittal. Entreprise qui a recours de façon massive à l’intérim (20% des effectifs de l’usine).
67 morts pour la seule année 2013. Les travailleurs intérimaires ont deux fois plus d’accidents du travail que les salariés en CDI et sont deux fois plus graves. Le BTP est à lui seul responsable de 52% des morts pas accidents de travail. Toujours en 2013, 34848 accidents du travail ont été enregistrés dans l’intérim. « Le turn-over empêche la transmission des compétences par les plus anciens, les visites médicales, la surveillance médicale renforcée, sont de moins en moins pratiquées, voire inexistantes. Et le patronat de l’intérim refuse d’allouer de sérieux moyens de prévention à la santé et à la sécurité au travail des salariés », déplore l’Union syndicale de l’intérim CGT (Usi).
Des négociations ont commencé en janvier 2014, sur la sécurité et la santé au travail dans la branche. « Mais, rien n’a abouti, témoigne André Fadda, de l’Usi. Le patronat ne négociait que pour les permanents d’agence, en excluant les intérimaires. »
En mars 2015, le syndicat a lancé une offensive en organisant plusieurs actions, notamment en occupant certaines agences (Paris, Marseille, Lyon, Saint-Nazaire…). Prism’emploi a consenti à étendre les négociations aux intérimaires. Mais pour l’heure, une seule réunion s’est tenue.
La CGT exige :
- La régularisation de tous les intérimaires sans-papiers employés par les sociétés d’intérim.
- L’arrêt total des contrats commerciaux avec les entreprises utilisatrices ayant un niveau de sinistralité élevé et constant.
- L’embauche en CDI.
- Sécuriser le travailleur intérimaire qui souhaite reste en intérim, en en remplaçant les contrats de mission de courte durée, à la semaine, au jour par des contrats de longue durée.
- L’attribution à la charge de la société d’intérim, des Équipements de Protection Individuels complets à chaque intérimaire, avant sa prise de poste.
- Des formations conséquentes pour les salariés en agence dans la connaissance des métiers à risque (BTP, Métallurgie, Transport, etc.).
- La priorité de mission pour les salariés victimes d’accidents du travail et maladies professionnelles.
- La suppression des exonérations (Fillon…), élément majeur dans la politique de « gestion du risque ».
- L’application de taux de cotisations AT/MP majorés en lien avec l’activité principale de l’agence et les risques spécifiques au travail temporaire.
- La limitation de la sous-traitance à tout niveau.
- Le départ à la retraite anticipée à 55 ans pour ceux qui aujourd’hui sont cassés, usés.
- La prise en compte réelle de la pénibilité.
- Un service spécial de la Médecine du Travail dans la branche du Travail Temporaire en lien avec les services de santé au travail des entreprises utilisatrices