Les “dames pipi” déboutées, la mairie de Paris se propose en employeur

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat FO.

 

L’affaire opposant les « dames pipi » des monuments parisiens et le nouveau prestataire, le groupe néerlandais 2theloo, est de nouveau renvoyée devant des juges professionnels. Dans un jugement du 29 septembre, les prud’hommes de Paris ont débouté les plaignantes de la procédure d’urgence. Mais la Mairie de Paris s’est engagée à « étudier » l’accompagnement vers « une solution professionnelle stable » de ces onze dames sans revenus ni employeur depuis le 9 juillet. 

Bien que déboutées d’une procédure en référé et à bout financièrement et humainement, les « dames pipi » de la capitale reprennent espoir. Le 29 septembre, l’adjoint au maire de Paris chargé des ressources humaines, Emmanuel Grégoire, s’est engagé à « accompagner » ces agents « vers une solution professionnelle stable, y compris par leur intégration dans les effectifs de la Ville ». 

« Nous ne pouvons que nous en féliciter, même si nous ne jugerons que sur les actes et attendons de voir les propositions, a réagi Jean Hédou, secrétaire général de la fédération FEETS-FO, lors d’une conférence de presse. Nous espérons aussi qu’à l’avenir, la Ville de Paris sera plus vigilante quand elle passera des marchés publics. » 

Même si cette solution d’urgence se concrétisait, le bras de fer juridique avec le groupe néerlandais 2theloo va se poursuivre. Le 29 septembre, les prud’hommes ont renvoyé l’affaire sur le fond, estimant qu’il n’y avait pas lieu à référé, autrement dit pas d’urgence. 

FO, qui considère comme « inadmissible » ce manque d’empressement des juges, va faire « appel à jour fixe » dans le but d’accélérer la procédure. Mais cette dernière devrait encore prendre des semaines, voire des mois. 

Encore des mois de procédure 

« La décision du juge était en partie attendue, estime Hortense Betare, juriste de la FEETS-FO. C’est une remise en question de la garantie de la continuité du contrat de travail, qui pourrait faire jurisprudence ». Dans ce secteur qui compte 490 000 salariés, les employeurs qui remportent les appels d’offre ont l’obligation de conserver les salariés en poste. « La situation d’aujourd’hui, avec un refus de reconduire les contrats de travail, est inédite » poursuit-elle. 

Le combat est d’autant plus urgent que 2theloo continue de faire main basse sur les toilettes publiques de la capitale. « Ils attendaient la décision d’aujourd’hui pour reprendre le marché des toilettes de la gare Montparnasse, où les salariés sont très inquiets, poursuit Hortence Bétare. Et les négociations sont en cours pour les toilettes des aéroports de Roissy et d’Orly. On va au-devant de nouvelles batailles. » 

La FEETS-FO a tenu à féliciter les dames pour leur détermination, et qui chaque jour depuis trois mois bloquent l’accès aux toilettes publiques du Sacré-Cœur. « Notre première victoire, c’est que maintenant, tout le monde connaît la situation de ces camarades, a ajouté Jean Hédou. Dans la propreté, on est les travailleurs de l’ombre, on commence à travailler quand les autres s’arrêtent. Le combat de la dignité, de la solidarité et de l’entraide, on l’a gagné. » 

Il a aussi lancé un appel aux usagers : « est-ce bien raisonnable de payer 2 euros pour aller faire pipi ? ». 

En attendant qu’une solution stable soit trouvée, le syndicat FO de la propreté appelle à intensifier les actions contre d’2theloo, notamment en occupant les toilettes détenues par l’entreprise dans les gares parisiennes et les lieux touristiques. 

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