Les avocats de Limoges veulent la peau du nouveau venu AGN Avocats

Le marché du service juridique connait une profonde mutation. Seulement, les avocats déjà installés font de la résistance et rendent difficile l’arrivée de nouveaux concurrents. Dernier exemple en date avec AGN Avocats qui s’est vu refuser d’exercer à Limoges alors que le cabinet possède déjà 14 enseignes en France. 

 

«C’est simple, on leur a fermé la porte, ils sont revenus par la fenêtre. On leur a fermé la fenêtre, ils reviennent par les égouts. » depuis plusieurs semaines, la guerre fait rage entre le cabinet d’avocats AGN Avocats et le conseil de l’ordre des avocats. 

Possédant déjà plus d’une dizaine d’enseignes en France, le cabinet souhaite étendre son offre mais ses demandes se font sans cesse retoquer. 

Dernier conflit en date : une ouverture illégale à Limoges

Pour les limougeauds, rendez-vous au 5 boulevard Victor Hugo et vous comprendrez rapidement de quoi il est question. Là, vous risquez de trouver une boutique dont la vitrine est maculée de peinture blanche. De cette baie vitrée vient le problème. 

AGN Avocats propose un fonctionnement qui heurte les sensibilités des avocats. Comme l’explique Maitre Paul Fourastier qui devait gérer l’enseigne à Limoges, « le principe chez AGN Avocats est de fonder des agences ayant pignon sur rue et non avec une plaque de laiton avec cabinet à l’étage.« 

Nous avons une vitrine avec des pictogrammes correspondant aux domaines dans lesquels nous exerçons et nous n’appliquons pas de tarifications à l’heure mais des honoraires forfaitaires, toujours dans un souci de transparence. Mais nous ne pratiquons pas du low-cost, chaque avocat du réseau peut fixer ses propres tarifs. Les avocats du réseau y adhèrent mais chacun en libéral. 

Un fonctionnement semblable aux agences bancaires ou immobilières qui ne plaît pas du tout à l’ordre des avocats de Limoges. Dans leur arrêté du 10 janvier, il estimait que ce concept n’était « pas conforme à la déontologie ». 

Les conditions d’exercice du cabinet ne sont pas conformes aux règles et principes qui régissent la profession d’avocat. La vitrine s’oppose à la confidentialité [qui] procède du secret professionnel général et absolu et les pictogrammes sont incontestablement de nature à créer dans l’esprit du public l’apparence d’une qualification non reconnue puisque SELAS AGN Avocats n’a pas contesté ne pouvoir justifier in situ d’aucun certificat de spécialité.  

La concurrence, le vrai noeud du problème ?

Le Populaire du Centre explique avoir contacté le conseil de l’ordre qui lui affirme avoir « interdit à quatre reprises les requêtes d’AGN : interdiction d’implantation, d’exercice, de recrutement et d’activation d’un site Internet ». 

Seulement, il semblerait que le mode de fonctionnement novateur d’AGN Avocats ne soit que la partie émergée de l’iceberg. En filigrane, les avocats déjà installés verraient l’arrivée de la concurrence d’un très mauvais oeil. 

Pour un divorce, nous proposons une prestation en ligne à 990 euros TTC. Lorsque j’ai été convoqué par le conseil de l’ordre et que j’ai annoncé ces tarifs, ils ont tiqué. 

Frédéric Moraes, créateur d’AGN Avocats 

 

Alors que le conseil avait pris la décision d’interdire la venue d’AGN Avocats, le cabinet est passé outre ces interdictions et exerce actuellement. Il a même saisi l’Autorité de la concurrence qui devra rendre sa décision en juin. 

En attendant, le milieu juridique se trouve être dans une profonde métamorphose. Ce conflit est révélateur d’une scission entre les avocats déjà installés qui souhaitent fermer leur milieu et conserver leur monopole face à l’arrivée de nouveaux concurrents. 

 

AGN Avocats ouvre à #Limoges pic.twitter.com/8jpc9tv0hh 

— AGN Avocats (@AGNAvocats) 30 mai 2018 

 

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