Le constat qu’établit la Drees est alarmant. Aujourd’hui, le nombre d’arrêts de travail dans les EHPAD est deux fois supérieur à la moyenne nationale, toutes branches confondues. Les conditions de travail se sont largement dégradées, et font peser une charge physique et psychologique que les personnels ne peuvent plus supporter.
Les pouvoirs publics sont alertés chaque année. Les personnels accompagnants étouffent sous la charge de travail. Qui plus est quand les effectifs se réduisent. Le mois dernier, la Fédération Hospitalière de France tirait la sonnette d’alarme quand le gouvernement présentait les restrictions budgétaires imposées aux établissements d’accueil pour personnes âgées dépendantes. Avec une nouvelle forme de financement des établissements publics, ce sont 200 millions d’euros qui manquent aux EHPAD. Et ce n’est pas la fin des emplois aidés qui risque d’améliorer la situation.
Le résultat de ces mesures ne s’est pas fait attendre : travail en flux tendus, sous-effectifs ; les conditions parfaites pour mener à l’absentéisme. Au total, le secteur compte près de 10% d’absentéisme. Surtout, le taux d’arrêts de travail est 1,3 fois supérieur aux autres branches santé, et 2 fois supérieur à la moyenne nationale, toutes branches professionnelles confondues.
La crise du personnel des EHPAD, une réelle prise de conscience au plus haut ?
La FNADEPA a été auditionnée à l’Assemblée nationale le 5 septembre, dans le cadre de la « mission flash EHPAD » menée par la commission des Affaires sociales, dont Monique Iborra, députée LREM de Haute Garonne, est rapporteur.
Plusieurs recommandations sont d’ores et déjà présentes sur le bureau d’Agnès Buzyn, ministre de la santé. Dans un premier temps, les députés demandent la mise en place à court terme d’un groupe de travail sur l’évolution des missions des aides-soignants et la revalorisation de leur statut. Deuxièmement, ils invitent aussi la ministre à prendre de rapides et concrètes mesures pour imposer la présence d’infirmiers de nuit dans les EHPAD. Aujourd’hui, les personnes dépendantes n’ont d’autres choix que de se tourner vers les urgences en cas de problème de santé dans la nuit.
A moyen terme, la commission devra statuer sur “la possibilité d’instaurer une norme minimale d’encadrement”, actuellement inexistante en France contrairement à nos voisins européens. Pour 100 résidents, le seuil acceptable de personnels accompagnant est fixé à 80, nous sommes en moyenne à 55.
Une mission qui ne convainc pas tout le monde
Ces conclusions rendues le 13 septembre divisent. La FNADEPA se satisfait de la mise en place de cette « mission flash EHPAD » et de l’écoute des députés présents. De son côté, Force Ouvrière déplore une frilosité criante dans la prise de positions du gouvernement. Tandis que la mission parlementaire préconise une évaluation de la réforme de la tarification dans les Ehpad, en vue d’éventuelles modifications, FO en demande le retrait pur et simple. Surtout, le syndicat met en évidence que l’initiative d’instaurer la présence de personnels de nuit dans les EHPAD est une mesure qui avait été abandonnée en 2005 !Des mesures concrètes devront être prises rapidement car les manifestations et les grèves des personnels des EHPAD se multiplient. En attendant, ce sont les résidents qui paient l’addition. “Pour les plus dépendants, on n’a pas le temps de tous les lever, certains ne sont levés qu’un jour sur deux. Et il arrive que certains ne soient pas douchés pendant deux semaines de suite », confiait un salarié à Saint-Etienne.