Comme tout le monde le sait, hier en fin d’après-midi, le Président de la République Emmanuel Macron a présenté aux Français ses solutions afin de mettre un terme définitif à la crise politique et sociale que le pays traverse depuis le déclenchement du mouvement des “gilets jaunes”.
Nous vous proposons de revenir sur les mesures sociales qu’il a annoncées, ainsi que sur les réactions syndicales qu’elles ont suscitées.
Les retraites en tête de gondole
Une part non négligeable des mesures annoncées hier par Emmanuel Macron concerne les retraites et les retraités. Il a d’abord assuré que les pensions de retraite de moins de 2000 euros seraient réindexées sur les prix au 1er janvier prochain et qu’à compter de 2021, aucune sous-indexation de “quelque retraite que ce soit” n’aurait plus lieu. Ces annonces ont pu être moquées ici ou là. La première d’entre elles ne constitue en effet qu’une prise d’acte, par l’exécutif, de la censure du Conseil Constitutionnel de la sous-indexation des pensions pour 2020, tandis que la seconde ne mangerait guère de pain puisque le gouvernement n’avait pas prévu, aux dernières nouvelles, de maintenir une sous-indexation des pensions au-delà de 2020…
Quoi qu’il en soit de ces débats relatifs au mode d’indexation des retraites, M. Macron a également promis que “la retraite minimale” correspondant à une carrière complète serait désormais de 1000 euros. Il a insisté sur le fait que ce montant sera “significativement supérieur” à celui du minimum vieillesse, qui sera porté à 900 euros l’an prochain.
Enfin, comme ceci était prévisible, il a affirmé que l’âge légal de départ à la retraite demeurerait fixé à 62 ans mais s’accompagnerait d’un dispositif de décote/surcote afin d’inciter les salariés à travailler plus longtemps. Afin de justifier ce maintien de l’âge légal de la retraite à 62 ans, il a notamment invoqué le problème du chômage : “tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, il n’est pas possible de reculer l’âge légal de départ à la retraite”.
Quelques autres pincées de social
Outre ces annonces qui concerne les retraites et les retraités, Emmanuel Macron a défendu “l’accès aux soins pour tous”, promettant qu’il n’y aurait “plus de fermeture […] d’hôpital sans accord du maire de la commune d’ici la fin du quinquennat”.
Le Président de la République a également tenu à se faire le défenseur des parents isolés. Il a déclaré qu’en cas de pensions alimentaires non payées, les caisses d’allocations familiales (CAF) vont pouvoir en “prélever” directement le montant sur le compte du parent censé la financer afin de la verser au parent censé en bénéficier. M. Macron n’a, certes, pas précisé en quoi cette mesure allait vraiment améliorer l’action de l’Etat dans ce domaine : une agence publique de recouvrement des pensions alimentaires, l’Aripa, existe déjà, liée d’ailleurs à la CAF, mais elle est, hélas, très largement sous-utilisée.
Enfin, Emmanuel Macron a probablement voulu convaincre les actifs en annonçant d’abord une reconduction de la prime défiscalisée, “pour que le travail paie”. Il n’a ensuite pas souhaité s’orienter vers la suppression d’un second jour férié ni vers la remise en cause officielle des “35 heures”. Bien lancé, le chef de l’Etat a réaffirmé son objectif d’un taux de chômage à 7 % d’ici 2022.
Les syndicats face aux annonces de M. Macron
Les principales organisations salariales françaises n’ont pas tardé à réagir aux annonces faites par Emmanuel Macron. Ce matin, seule la CFDT de Laurent Berger semble trouver quelques motifs de satisfaction aux propos du Président de la République. Dans un communiqué de presse, la centrale réformiste parle de “diagnostic partagé” entre elle et le chef de l’Etat au sujet des demandes de “justice fiscale”, de “justice sociale” et de “justice territoriale” formulées par les Français. La CFDT note à cet égard que M. Macron “a infléchi son discours”. Elle attend toutefois la confirmation du “changement de cap” présidentiel, ainsi que des annonces fortes en matière d’écologie.
A l’opposé de cette réaction plutôt positive, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a estimé sur France 2 que M. Macron n’avait pas du tout changé de discours. “Moi ce que j’ai entendu ce soir c’est : ce que l’on fait c’est très bien, et on continue” a-t-il en effet déploré. Plus encore, M. Martinez a affirmé que le chef de l’Etat avait pris un “virage à droite”, puisque “l’âge légal de la retraite” se trouverait “de fait reculé” et puisque des “mesures contre l’immigration” seraient prises afin de séduire la “droite” et “l’extrême droite”.
Plus pragmatique, François Hommeril, le président de la CFE-CGC, a fait part, à sa manière, de sa déception à l’issue de la conférence de presse d’Emmanuel Macron. Sur Twitter, il a considéré que les propos du chef de l’Etat procédaient d’une “idéologie néolibérale” dont il doute fortement qu’elle soit capable de “rendre notre société plus juste”.