Le tiers-payant coûte jusqu’à 2 SMIC annuels aux pharmaciens

Article paru sur Décider et Entreprendre.

 

L’Union Syndicale des Pharmacies d’Officine (USPO) vient de rendre une enquête sur le coût du tiers payant pour ses adhérents. Cette enquête a procédé par sondage courant décembre 2016. 

Le tiers payant jusqu’à 2 SMIC par an

Les adhérents de ce syndicat ont évalué les coûts cachés du tiers payant pour leur officine à des sommes qui vont de près d’1 SMIC par an (13.246€) à plus du double de ce montant (28.601€). Une bagatelle! 

Ces coûts exorbitants s’expliquent d’abord par la main-d’oeuvre nécessaire au traitement des opérations. Le matériel informatique est le second poste de dépense. 

 

On notera que les impayés ont diminué depuis 2007, mais que les frais informatiques ont augmenté de 50%. 

Cette étude tombe à point nommé pour illustrer les effets pervers du tiers payant et de sa généralisation décidés par Marisol Touraine. Pour l’ensemble des acteurs de la filière santé, cette mesure se traduit par une augmentation du temps passé à la gestion administrative des dossiers. Pour les médecins, cette complication empiète sur le temps disponible pour soigner les patients. 

 

Les pharmaciens en grève

L’USPO organise un mouvement de protestation le 26 janvier. 

Le site de l’USPO argumente son mouvement de la façon suivante: 

Pourquoi est-ce que je devrais aller me geler le 26 janvier aux pieds ?

Ben oui pourquoi ? Au lieu d’être au chaud dans ma pharmacie, peinard avec mes 3-4 patients du jeudi matin ? 

Parce que si je n’y vais pas, je n’aurai plus le droit de pleurnicher. Parce que râler sans agir c’est un truc bon pour les geignards. Parce que je suis fière de mon métier, fière du service que j’apporte à mes patients au quotidien, parce que je n’ai pas à rougir de mes connaissances, parce que je n’ai pas à me laisser piétiner sous prétexte que je suis la 5è roue du carrosse des professionnels de santé. Chaque jour je comble les carences laissées par mes confrères médecins indisponibles. Chaque jour je coordonne, je téléphone, je colmate, je gère les fuites. Mon « temps parasite » est de plus en plus important et jamais rémunéré ni même reconnu. …. 

Et pourtant je suis toujours perçue comme une épicière. Par M6 et son caricatural pharmacien qui rentre le soir avec sa liasse de billets issue de son « black » (à vomir), par les médias qui nous attaquent régulièrement, pire: par ma ministre de tutelle qui explique à Nicolas Revel que si je ne suis plus assez rémunérée avec le médicament remboursé, il faut analyser d’autres sources de revenus, et bon moi, la prostitution j’ai jamais été branchée branchée… 

Alors je vais aller me geler parce que je ne suis pas une citoyenne de seconde zone. Parce que je fais un métier formidable et que je veux être reconnue et rémunérée à ma juste valeur. 

Parce que j’ai le sens de l’honneur et que je ne supporte plus le mépris que l’on m’inflige chaque jour. 

Je ne veux plus entendre qu’un confrère s’est pendu dans sa pharmacie parce qu’il croulait sous les dettes. Je ne veux plus entendre une consœur pleurer au téléphone parce que personne n’a repris sa pharmacie et que ses patients la couvrent de cadeaux pour lui témoigner leur reconnaissance et leur tristesse. Je ne veux plus entendre mes confrères m’expliquer que la sécu leur a refusé le remboursement d’un dossier parce qu’au scan on lisait mal le nom du patient. Je ne veux plus être un larbin, je ne veux plus être servile, je ne veux plus que l’on me piétine. 

Alors c’est moi qui irai piétiner pour me réchauffer. Et j’espère bien que je ne suis pas la seule à avoir encore un peu d’amour propre. » 

Delphine Chadoutaud 

 

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